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Reviewed by:
  • The Devil from Saint-Hyacinthe: Senator Télesphore-Damien Bouchard
  • Xavier Gélinas
The Devil from Saint-Hyacinthe: Senator Télesphore-Damien Bouchard, par Frank Myron Guttman. Lincoln (Nebraska), iUniverse, 2007, 426 p., ill. 25,95 USD.

Chirurgien pédiatrique retraité, Frank Myron Guttman s'est consacré à son violon d'Ingres, l'histoire, et a rédigé une thèse de maîtrise sur Télesphore-Damien Bouchard à l'Université McGill. Le livre en constitue une version remaniée. La préface relate le cheminement de l'auteur et sa conception du Québec. Osons avouer que l'historien de métier se tient sur ses gardes devant la franchise (ou la candeur) de l'auteur et sa fréquentation récente, forcément partielle, des études et [End Page 186] des sources historiques. À la lecture de cette biographie bien menée, collant aux faits, ces soupçons s'envolent heureusement en grande partie. Certes, l'ouvrage souffre d'une conception vraiment trop simple, désuète, à la Mason Wade, du nationalisme traditionnel, caricaturalement présenté comme toujours porteur d'exclusion et de régression. Il était pourtant possible de rendre compte avec sympathie du parcours d'un antinationaliste anticlérical sans pour autant épouser tous les préjugés manichéens de Bouchard, peu connu pour son sens de la nuance, préjugés qu'une historiographie décomplexée atténue, corrige et met en perspective depuis nombre d'années. Premier bémol, donc. Le second touche le travail d'édition. Il est désolant que le manuscrit n'ait pu trouver un éditeur professionnel. Le Dr Guttman a dû se tourner vers une maison d'autoédition du Nebraska qui n'a pas cru bon d'embaucher un réviseur francophone. Au moindre mot ou titre en français, c'est l'hécatombe linguistique. On recense parfois une douzaine de coquilles par page. Le livre et ses lecteurs auraient mérité plus d'égards.

Une fois notées ces réserves, on est plus libre de témoigner du plaisir intellectuel que procure The Devil from Saint-Hyacinthe. L'auteur fait revivre une figure qui compta jadis parmi les incontournables de la politique québécoise. Télesphore-Damien Bouchard (1881-1962) eut tout sauf une vocation tardive. Tout était joué dès l'adolescence, sinon l'enfance, comme nous en convainquent des chapitres qui, à l'image du reste du volume, s'appuient sur une recherche méticuleuse en archives et dans les journaux. Bouchard est issu du «Marché à foin », le quartier déshérité de Saint-Hyacinthe, ville dont il fut maire de 1917 à 1944. Il fut élevé à la dure, dans un milieu passionnément libéral et rétif aux bondieuseries. C'est par persévérance, souvent par obstination, que cet homme sans relations ni fortune familiale s'est hissé dans l'échelle sociale et s'est tôt ancré dans certaines convictions.

Le Maskoutain entre à l'Assemblée législative du Québec en 1912, à 30 ans. Il ne la quittera qu'en 1944. À l'Assemblée et sur maintes tribunes (dont son hebdomadaire Le Clairon), il martè le sans relâche ses thèmes de prédilection: nécessité de réformes socio-économiques bénéficiant à tous, surtout aux gagne-petit, sans menacer l'ordre capitaliste et libéral; urgence de réformes scolaires comblant le retard canadien-français et favorisant les mathématiques, les sciences et l'anglais; désir de voir le clergé laisser la sphère profane aux laïcs; combat sans merci contre les nationalistes, jugés nuisibles aux relations harmonieuses et bénéfiques entre les composantes linguistiques et religieuses du Canada. Vaste programme, décliné avec une fougue qui indispose souvent ses confrères libéraux. Le premier [End Page 187] ministre Lomer Gouin laissera l'impétueux député sur les banquettes arrière; Louis-Alexandre Taschereau ne lui accordera finalement une nomination, en 1928, que pour le faire taire, puisque Bouchard devra accepter la vice-présidence de l'Assemblée, puis sa présidence de 1930 à 1935. Mais on ne muselait pas si facilement le d...

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