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  • Voyages badins, burlesques et parodiques du XVIIIe siècle, and: Mémoires du Grand Océan: Des relations de voyages aux littératures francophones de l’océan indien, and: Nulle Part et Ses Environs: Voyage aux confins de l’utopie littéraire classique (1657–1802)
  • Izabella Zatorska (bio)
Jean-Michel Racault, éd. Voyages badins, burlesques et parodiques du XVIIIe siècle. Saint Étienne: Université de Saint Étienne, 2005. 300pp. €20. ISBN 978-286272-333-4.
Jean-Michel Racault. Mémoires du Grand Océan: Des relations de voyages aux littératures francophones de l’océan indien. Paris: PUPS, 2007. 282pp. €26. ISBN 978-284050-478-8.
Jean-Michel Racault. Nulle Part et Ses Environs: Voyage aux confins de l’utopie littéraire classique (1657–1802). Paris: Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003. 474pp. €30. ISBN 978-284050-291-3.

Spécialiste de l’Ailleurs dans la littérature des xviie et xviiie siècles, Jean-Michel Racault nous livre en quelques années comme trois sommes de ses activités d’enseignant chercheur. La conjonction des deux champs de travail se reflète dans l’anthologie de prosimètre en France, éditée avec la collaboration de Theodore E.D. Braun, Pierre Burger et Erik Leborgne. Un double objectif les aurait réunis: rappeler, en les rendant, de plus, accessibles, des gloires anciennes, tels Chapelle et Bachaumont dont le « Voyage d’Encausse » (1656–63) nous entraîne aux origines du genre; même s’il dépasse les limites chronologiques prescrites par le titre du recueil, le voyage burlesque du xviie siècle permet de retracer, et tel est le second objectif des éditeurs, l’évolution du « voyage littéraire » en vers et en prose. On peut regretter l’absence de La Fontaine, avec son « Voyage de Paris en Limousin » (1663), convenons pourtant qu’il est accessible ailleurs, dans ses « œuvres diverses » ou, en fragments, comme celui de Racine à Uzès (1662), dans l’anthologie du Voyage en France parue aux éditions Robert Laffont en 1995. Celle-ci, en revanche, ne donne aucun des prosimètres créés au xviiie siècle, représentés dans l’anthologie de J.-M. Racault. Quelques « gloires oubliées » s’appellent ici Louis-Balthazar Néel et Augustin-Martin Lottin, voyageurs à et de Saint-Cloud, respectivement; le dernier du recueil, Venance Dougados—sa « Quête du blé » (1786–88) passe pour la lanterne rouge du peloton prosimétrique—apporte sa destinée tragique (il meurt sur l’échafaud en janvier 1794) en contrepoint à la tonalité burlesque du genre qu’il a imité sur modèle, moine quêteur par pénitence, pour éblouir les « vicecomtesses du Rouergue » par sa culture littéraire. Il a même été le secrétaire de la duchesse Lubomirska, la belle mère de Jean Potocki, durant le séjour de celle-ci à Nice. L’oubli est moins épais sur « l’élégiaque » Parny et son ami Bertin, Créoles dits « poètes des îles », connus au moins des dix-huitiémistes, comme le dramaturge et [End Page 489] poète Le Franc de Pompignan (sa description « en -if » du château d’If est un cocasse morceau de bravoure monorime). Énigmatique et anonyme, le texte de « Relations du royaume de Candavia » (1715), renoue avec la tradition médiévale de fatrasie ou coq à l’âne, saturé de mots en faraguoinguoin, néologisme trouvé par E. Leborgne (du lat. fari, parler, et baranguoin) pour ce langage, plus « monstrueux » encore que le récit lui-même (79–81). La lassitude éprouvée envers la tradition institutionnalisée—littéraire entre autres—a suscité autrefois ses vers mêlés de prose, juxtaposant le style haut des références mythologiques et historiques au style bas des réalités triviales expérimentées en chemin. Chose curieuse, bon nombre des itinéraires mènent à travers le centre de France vers le Midi, sinon de Paris en province: évasion esthétique et culturelle, idéologique même (la rencontre avec d’Assoucy, un libertin exilé de Paris, clôt la relation de Chapelle et Bachaumont). En quittant...

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