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Reviewed by:
  • Les Vies de Sade
  • Norbert Sclippa (bio)
Michel Delon. Les Vies de Sade. 2 tomes illustrés. Paris: Éditions Textuel, 2007. 272pp. €69. ISBN 978-284597-232-2.

Les Vies de Sade se présente sous forme de deux tomes illustrés, dans un coffret cartonné, relié par un élastique (noir, comme il se doit!). Le premier tome, de 135 pages, est composé d’un abrégé biographique (« Sade en son temps », de 91 pages), et d’un survol de la critique sadienne, jusqu’à nos jours (« Sade après Sade », de 28 pages). Le second tome, de 134 pages (« Sade au travail »), étant lui composé de fac-similés, brièvement commentés, de pages choisies de l’œuvre, de notes, et de la correspondance de Sade. [End Page 479]

L’ouvrage est dédié à la mémoire de Jean Deprun, pionnier des études sadiennes, dont la contribution à la redécouverte de l’œuvre doit être reconnue, même si ses sentiments sur celui qu’il avait surnommé « le bâtard des Lumières », et en qui il ne voyait encore qu’un « philosophe-Scapin » (« Sade philosophe », Œuvres, éd. de la Pléiade, p. lxi) sont aujourd’hui enfin dépassés et sans plus de mérite. L’ensemble présente assez bien, mais imprimé sur un papier qu’on aurait aimé de meilleure qualité, et quoique aussi par ailleurs les illustrations ne soient généralement pas très originales, la majorité ayant déjà paru ailleurs (soit déjà dans les Œuvres de l’édition de la Pléiade ou dans d’autres études récemment parues (entre autres le « Sade » de Chantal Thomas, au éditions du Seuil). Quelques lacunes cependant à signaler dans le survol critique, et notamment l’ouvrage pourtant bien connu de Marcel Hénaff (Sade, L’Invention du corps libertin [Paris: PUF, 1978]) et lequel a fait date dans les études sadiennes.

Album assez agréable, dirionsnous, mais ceux qui s’attendent à trouver ici quoi que ce soit de neuf sur Sade, par contre, seront plutôt déçus—surtout après les excellentes biographies récemment parues d’un Maurice Lever et de Neil Schaeffer. On pourrait aussi s’étonner de voir l’auteur regretter que l’œuvre de l’auteur de Justine soit maintenant « menacée par le commerce » (postface), dans une publication qui n’est pas non plus sans une certaine tournure. Et si l’on ne saurait également applaudir davantage l’intention avouée de l’auteur de « rendre Sade à luimême » (postface), il n’est cependant pas très clair comment l’absence chez lui de toute approche critique pourrait aider à amener ce résultat. Sans doute que le texte sadien est en effet en lui-même assez complet et explicite, et d’une difficulté d’ailleurs rare pour la critique, qu’il dépasse toujours (s’il est même possible d’espérer voir celleci le rattraper un jour), mais ceci ne signifie pas que le but puisse être atteint en n’essayant pas. Philologue, Michel Delon poursuit ici le même travail d’exégèse et d’annotation du texte sadien commencé avec la publication des Œuvres, mais il faut bien voir que de ne pas ou ne plus l’expliquer n’est pas non plus « rendre Sade à luimême ». Fautil prendre Michel Delon au sérieux, qui déclarait récemment au congrès de SIEDS à Montpellier que les études sadiennes sont obsolètes, et qu’il ne reste plus, justement, qu’à retourner au texte?

La publication des Œuvres de Sade aux éditions de la Pléiade signale bien l’entrée de l’auteur « maudit » à l’université, comme le note avec fierté, et d’ailleurs très légitimement l’auteur (1:121). Cependant, l’appareil critique qui permettrait aux étudiants de vraiment comprendre et de pouvoir apprécier Sade fait toujours défaut, ou présente encore de profondes lacunes, il faut bien le dire, et ceci même après tout ce qui a déjà été écrit sur lui—tous ces classiques de référence auquel nous renvoyait implicitement Delon en déclarant la fin des...

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