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Reviewed by:
  • Plurilinguismes et écoles
  • Elatiana Razafimandimbimanana and Philippe Blanchet
Moore, Danièle . (2006). Plurilinguismes et écoles. Paris : Éditions Didier. Pp. 320, 20,90 € (paper).

Cet ouvrage de Danièle Moore constitue une synthèse exemplaire des propositions scientifiques et didactiques récentes pour la compréhension et l'accompagnement des phénomènes de contacts de langues et des trajectoires plurilingues. Analysé en profondeur, un vaste ensemble d'études et de données repense et complexifie ces phénomènes en termes de compétences plurilingues et pluriculturelles. Ce travail s'adresse aux spécialistes de questions didactiques et sociolinguistiques tout en dégageant des perspectives accessibles aux lectorats non initiés. La bibliographie, « volontairement importante » (p. 15), et l'index notionnel appellent à enrichir les questionnements par divers parcours de lecture.

Les trois parties de Plurilinguismes et écoles portent respectivement sur les contextes, pratiques et dynamiques des plurilinguismes et des expériences plurilingues. Les analyses portent sur des enfants en situations plurilingues familiales et / ou scolaires.

La première partie traite des contextes de développement des plurilinguismes en interrogeant les notions de « statuts des langues », de « communautés d'appartenance » (chapitre 1), de « frontières » (chapitre 2) puis de « réseaux », « profils » et « territoires » (chapitre 3). L'auteure y examine des contextes concrets et questionne les catégories conceptuelles autour des choix de « langues ». Ainsi, les « frontières » relèvent davantage de subjectivités situées (p. 51) que de données « objectives ». Des modalités didactiques sont aussi étudiées comme la « déritualisation » des schémas fonctionnels de la classe afin que les (en)jeux discursifs puissent inclure l'investissement personnel des apprenants (p. 63). Enfin, l'auteure montre comment les mobilités interlinguistiques s'observent comme processus de médiation altéritaire (p. 68). [End Page 501]

La deuxième partie observe les pratiques plurilingues et « plurilittéraciées » pour exposer le concept de répertoire plurilingue (chapitre 4). L'auteure décrit notamment des dynamiques scripturales migratoires, souvent négligées par la recherche sur le plurilinguisme (chapitre 5). Au-delà des contraintes liées aux passages interlinguistiques des jeunes scripteurs, D. Moore prend en compte les (re)négociations identitaires qui se produisent dans leurs pratiques plurielles. Les connaissances mobilisées par le scripteur dans une situation donnée sont réinvesties en termes de « compétence » plurielle. On pourrait même parler de « compétence pluriscripturale ». Compte tenu de la variabilité des pratiques et des observables, l'auteure rappelle l'apport des modèles de description dynamiques pour l'analyse des pratiques plurilingues et des enjeux socio-identitaires.

Les réflexions critiques de la troisième partie s'articulent autour des notions de « compétence plurilingue » et de « dynamiques d'apprentissage ». Elles questionnent les liens entre l'alternance des langues et la construction des savoirs (chapitre 6) puis, l'interdépendance entre les représentations des langues et les apprentissages (chapitre 7). L'auteure examine aussi la gestion des pluralités situées et souligne la nécessité d'une didactique sociale des langues, inclusive des expériences et trajectoires individuelles (chapitre 8). Il est montré que l'intégration des savoirs pluriculturels et plurilingues des apprenants dans les apprentissages fait de leur conscience réflexive une ressource didactique efficace et productive. Ce capital devient un objet de réflexion, ce qui permet de mieux le maîtriser et d'en faire un « tremplin pour l'appréhension d'autres types de savoirs » (p. 229).

La synthèse finale (pp. 237-244) resitue la genèse de l'étude. L'auteure rappelle que son travail s'inscrit à la fois dans le courant de la « (socio)linguistique » et de la « didactique des langues » tout en étant ancré dans le « champ de l'action sociale » (p. 240). L'individu apprenant et les dynamiques sociolinguistiques sont au centre de la réflexion d'où la mise en question des rites de socialisation et de scolarisation. Les propositions qui en découlent envisagent le plurilinguisme comme un principe essentiel de l'éducation linguistique et comme projet didactique et sociétal transversal (p. 243).

L'ouvrage, richement documenté, constitue un cheminement critique vers la redéfinition des...

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