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  • Avant-propos. Miroir de la philologie: voix du débat européen
  • Alvaro Barbieri

Traversé par une exigence de renouvellement global, Textual Cultures ouvre ses pages à la contribution de la philologie européenne, qui dans chaque numéro sera l’objet d’analyses et de comptes-rendus. Cette section de la revue (Continental and Mediterranean Reviews) fournira au lecteur un échantillon de la recherche menée en Europe continentale dans le domaine ecdotique, dans le champ théorique, et dans l’édition des textes anciens, médiévaux et modernes.

Dans la ‘biographie’ d’un périodique spécialisé il y a parfois des ‘tournants’ qui nécessitent un effort de systématisation et de mise en ordre. C’est pourquoi nous avons décidé de consacrer les deux premiers fascicules de Textual Cultures non pas à l’actualité philologique européenne, mais plutôt à certains noyaux fondamentaux, à certaines zones ‘sensibles’ du débat ecdotique qui s’est déroulé dans les milieux universitaires du Vieux Continent. Pendant les dernières décennies du vingtième siècle, la critique textuelle a trouvé dans la philologie romane (européenne et surtout italienne) la pointe avant-gardiste de l’affinement technique de même qu’un champ d’expériences, idéal pour les modèles les plus complexes. Le moment était venu de dialoguer avec les collègues outre-Atlantique sur des aspects spécifiques et sur des résultats concrets d’une saison scientifique riche et productive. Nous n’avons pas, évidemment, la prétention d’avoir livré là une mise au point exhaustive, et comme érigée selon un plan organisé, de la tumultueuse activité développée dans le laboratoire philologique des romanistes européens. Au contraire, nous avons proposé ici une manière de coup d’œil sélectif: une série de spécimens très partiels sur des questions très générales. Chaque texte de la section constitue le compterendu d’un ouvrage particulier et se présente de concert comme la première ébauche d’un discours de plus vaste largeur sur certains nœuds névralgiques de la discipline. Le discours tenu sur une publication récente devient ainsi non pas le pré-texte, [End Page 109] mais le point de départ d’une réflexion sur une question. Il s’agira donc de souligner (ou, pour mieux dire, de signaler), au moyen d’une petite collection de comptes-rendus, les sujets centraux du débat sur l’ars edendi, sa méthode, son outillage.

Le présent fascicule met en valeur, en premier lieu, les “rencontres” des différentes écoles philologiques. Dans son écrit, Andrea Rodighiero s’occupe des relations entre philologies classique et romane. Située à l’origine de la pensée ecdotique, la critique textuelle des littératures classiques est marquée en profondeur par un caractère hyper-canonique: le prestige de l’Ur-Philologie est redoublé par l’attrait des humanités gréco-latines, qui étaient placées, jusqu’à la fin de la modernité, au cœur de la tradition normative et du système éducatif de l’Occident. Avec son héritage somptueux (la susdite canonicité), la science des textes classiques continue d’exercer une forte attraction sur l’ensemble des disciplines philologiques: c’est la fascination perpétuelle de l’archétype. Par ailleurs, le rapport interdisciplinaire ne consiste pas seulement dans l’échange de techniques, expériences et méthodes, mais aussi dans la possibilité de dessiner les contours d’une question, qui se trouve mieux éclairée par la pénétration critique d’un regard multiple. Comparer des philologies signifie, d’abord, définir des problèmes communs, tout en gardant le sens de la dialectique affinité/différence. D’autant plus que les discordances bafouent les frontières des disciplines. Par exemple, la papyrologie a élaboré ses critères particuliers d’édition, qui ne correspondent pas forcément aux procédés courants du domaine classique. L’opposition analogie vs divergence reste toujours centrale dans mon texte sur les (rares) occasions de dialogue entre philologie romane, germanique et celtique: des sœurs qui s’ignorent réciproquement...

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