In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Khaverim. Les Juifs ashkénazes de Montréal au début du XXe siècle, entre le shtetl et l'identité citoyenne
  • Ben-Z. Shek
Ignace Olazabal , Khaverim. Les Juifs ashkénazes de Montréal au début du XXe siècle, entre le shtetl et l'identité citoyenne. Préface de Pierre Anctil Québec, Éditions Nota bene, 276 p.

En dépit de son titre, plus de la moitié de ce livre (première partie: «Brève histoire sociale et culturelle des Juifs ashkénazes en Europe de l'Est») retrace les hauts faits sociohistoriques de la branche européenne de ce peuple sur une période de sept siècles. (L'auteur ne note pas l'origine du mot «ashkénaze» – terme hébreu pour l'Allemagne – bien qu'il donne l'origine de «sépharade», qui désigne l'autre grande branche de Juifs originaires de la Méditerranée, de l'Afrique du Nord et des pays arabes, comme émanant du terme hébreu pour l'Espagne.) Ce n'est que dans la deuxième partie («Du shtetl à Montréal. La première et la deuxième génération de Juifs ashkénazes de Montréal») que l'on aborde la matière que souligne le titre.

Ce texte s'ajoute à toute une série d'études (ou de traductions) en français éditées depuis un quart de siècle traitant de divers aspects de la communauté juive du Québec (surtout de Montréal). Et c'est l'anthropologue Pierre Anctil, l'un des plus actifs des commentateurs/ traducteurs œuvrant dans ce domaine, qui en signe l'excellente préface. [End Page 633] Le mot yiddish d'origine hébreu, khavérim ou khaveyrim (orthographe que nous préférons à celle choisie par l'auteur – nous y reviendrons), voulant dire «camarades», se réfère à un groupe organisé d'aînés de la deuxième génération (celle née pendant la décennie 1910) auquel est consacré le dernier chapitre. Mais il semble aussi s'étendre aux gauchistes de diverses tendances qui ont milité dans les syndicats ouvriers et les organisations socialistes, surtout pendant la période de la Crise économique des années 1930. Bien que ceux-ci soient mentionnés çà et là (et le gros des aînés en question y ont appartenu), ils occupent moins de place que les divers groupes de pratiquants ou d'activistes sionistes.

Le mot shtetl (petite ville multiethnique d'Europe de l'Est à prédominance juive) est ici un mot clef, car une bonne part du texte analyse la culture séculaire (dans un sens large) qui y a pris racine et que les immigrants ont transplantée (et transformée) dans les villes plus grandes du Nouveau Monde où ils se sont établis.

L'importance de ce livre, le fruit d'une thèse de doctorat en anthropologie du chercheur non-juif, Ignace Olazabal, et de ceux d'autres spécialistes, est soulignée ainsi par Pierre Anctil: «En somme, une lecture s'impose, qui se trouve être celle de l'histoire du Québec, mais sous un angle juif et selon une sensibilité de minoritaire, qui plonge ses racines dans le monde est-européen d'avant la chute de l'empire tsariste». Selon le sociologue et historien Gérard Bouchard, «[l]a science historique [...] doit cependant s'assurer d'intégrer dans son champ tous les acteurs et toutes les composantes sociales, en évitant de reproduire [...] les exclusions pratiquées par la société passée ou présente».

Dans son «Introduction générale», l'auteur fait siens les termes choisis par Albert Memmi dans La libération du Juif (1972) et dans ses articles dans divers dictionnaires pour décrire globalement les Juifs en tant que peuple, distinguant entre «l'appartenance au peuple juif sur la base de la religion (judaïsme), de l'affiliation proprement affective au peuple juif (judéité), la religion pouvant être ici totalement effacée, voire combattue». Puis l'auteur, citant Memmi, définit la judéité comme «la manière dont chaque Juif vit, subjectivement...

pdf

Share