The Cambridge Companion to Baudelaire (review)

Cet ouvrage consacré à Baudelaire et dirigé par Rosemary Lloyd est l'un des plus récents de la prestigieuse collection « The Cambridge Companion ». Il regroupe un large éventail de questionnements et se propose de montrer quelle fut l'importance de Baudelaire, non seulement à son époque mais également de nos jours, comme poète, critique d'art, de musique et de théâtre, et comme promoteur du poème en prose et de la modernité, figure phare dont l'influence se fait toujours sentir. Fidèle à l'esprit de la collection, ce collectif qui est aussi un hommage au grand spécialiste de Baudelaire, Claude Pichois, récemment disparu, contient outre une note sur les collaborateurs, une brève mais efficace préface de Rosemary Lloyd, une chronologie de la vie du poète, suivie de quinze articles qui chacun s'attache à examiner un aspect particulier de l'œuvre dans une optique qui fait une large place à la dimension didactique, une postface de Claude Pichois qui retrace l'histoire des éditions, un appendice qui énumère les poèmes cités avec leurs titres français et anglais, une riche bibliographie divisée en rubriques : textes cités, traductions, biographies, études critiques, ressources électroniques, enfin un double index, l'un pour les noms, l'autre pour les œ uvres. Cette disposition du volume répond à son objectif principal qui est de s'adresser à un public d'étudiants ou à un lectorat cultivé désireux de s'informer sur l'œ uvre de Baudelaire.

S'appuyant sur certaines données biographiques, en particulier les relations à la mère, John E. Jackson examine le cô té saturnien de la personnalité de Baudelaire et tend à conclure que la tendance au désespoir constitue chez lui une nécessaire motivation créatrice, tandis que Dolf Oehler, retraçant le contexte politique de la Monarchie de Juillet et de la Deuxième République, conclut que Baudelaire, tout en étant sensible à ces grandes fractures historiques, adopte à leur égard une position distanciée et ironique. Barbara Wright concentre sa contribution sur l'organisation thématique des Fleurs du mal et la genèse du recueil de 1857 à 1861, alors que Rachel Killick s'attache à l'étude de la versification, s'interroge sur la part de tradition et d'innovation, en soulignant le rô le de passeur joué par Baudelaire à l'égard du futur symbolisme. Sonya Stephens analyse la conception baudelairienne du poème en prose, pose la question de la relation du langage à la réalité et celle de l'emploi renouvelé des symboles. S'intéressant à la morale de Baudelaire, Edward Kaplan cherche à montrer que, malgré ses allures provocatrices à l'égard du mal et de la dépravation, ce dernier défend un engagement éthique cohérent et suivi qui va au delà des clichés de la morale établie tout en s'appuyant sur l'acceptation de la fragilité humaine. Pour Ross Chambers, Baudelaire, à l'instar d'Edgar Allan Poe et Walt Whitman, opère un déplacement du bucolique vers les sujets urbains comme en témoigne l'inclusion en 1861 des Tableaux parisiens qui tendent à un diagnostic de l'aliénation sociale issue de l'essence malsaine des villes, tandis que pour E. S. Burt le Baudelaire des Paradis artificiels présente une position ambiguë quant à la célébration ou à la dénonciation des stupéfiants, alors que le jeu de la métaphore présente un lieu propice à l'exploration des possibilités offertes par ce sujet nouveau et dérangeant. J. A. Hiddleston note que la poésie de Baudelaire reste très marquée par son imagination visuelle, glorifie le culte des images de sorte que des émotions telles la tristesse, le bonheur, la mélancolie sont rendues par des descriptions physiques et concrètes, en somme manifeste en lui l'influence du critique d'art. Se fondant sur la critique de Baudelaire consacrée à RichardWagner et Tannhäuser, Margaret Miner consacre ses analyses à l'interaction dans l...