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Nineteenth Century French Studies 31.1 (2002) 164-166



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Book Review

Benjamin Constant.
Écriture et culpabilité


Vitale, Filomena. Benjamin Constant. Écriture et culpabilité. Genève: Librairie Droz, 2000. Pp. 226. ISBN 2-600-00471-8

Cet ouvrage se donne pour but de lire l'œuvre de Constant dans la perspective de la culpabilité. L'auteure a choisi cette notion non pas comme une "clé interprétative unique et exhaustive," mais plutôt comme le "fil conducteur" (193) de sa lecture. Ainsi considère-t-elle l'œuvre de Constant dans la perspective d'un thème très connu chez les lecteurs et interpètes du roman de Constant, Adolphe. Filomena Vitale commence par une courte présentation de la notion de culpabilité, qu'elle fait suivre par un chapitre consacré aux influences sur la vie du jeune homme. Elle aborde ensuite les textes de Constant, à commencer par les textes autobiographiques et littéraires, con-sacrant tout un chapitre aux expressions de la culpabilité dans Adolphe. En dernier lieu elle vise les textes de Constant qui portent sur la politique et les formes religieuses. L'ouvrage est bien documenté. L'argument est présenté en une prose vivante, parfois colorée. Par contre, l'ouvrage présente certaines difficultés, d'autant plus que les conclusions ne sont pas tout à fait justifiées par le texte.

Signalons au demeurant qu'il existe des erreurs dans l'ouvrage de Filomena Vitale. Au sujet de la théorie constantienne de la perfectibilité, par exemple, l'auteure prétend que le "haut degré de civilisation des Juifs de l'Ancien Testament est en contradiction avec sa théorie" (28). Plutôt, c'est l'état barbare et primitif des Juifs de l'Ancien Testament qui est en contradiction avec cette théorie. D'après la théorie de Constant le théisme devrait se faire connaître d'abord dans des civilisations plus avancées. Si les [End Page 164] Juifs de l'Ancien Testament manifestaient un "haut degré de civilisation," il n'y aurait pas contradiction. De plus, elle prétend que les Principes de politique de Constant n'ont pas été publiés durant la vie de l'auteur (160), bien qu'elle reconnaisse plus loin qu'une version des Principes a été publiée du vivant de Constant, à savoir en 1815. Elle dit par contre que dans cet ouvrage Constant essaie de justifier son ralliement à Napoléon lors des Cent Jours (171), ce qui n'est pas le cas.

Or, Filomena Vitale présente la notion complexe de culpabilité en quelques pages. On voit s'y mêler des thèses philosophiques et des théories psychanalytiques. Il s'agit au début de trois formes de culpabilité: la culpabilité-angoisse (provoquée par l'angoisse existentialiste qui accompagne chaque action), la culpabilité-remords occasionnée par un acte précis, et un sentiment inconscient de culpabilité (17). Plus loin elle parle aussi de la "culpabilité théologique" (187) et, suivant Paul Ricœur, de la "culpabilité tragique" (188). Dans sa conclusion elle ajoute même une autre forme, la "culpabilité historique" (198) qu'ont dû connaître tous ceux qui ont vécu à l'époque de la Révolution Française. La culpabilité est ainsi une notion vaste et plutôt vague. Les définitions que Filomena Vitale présente restent schématiques. On est pourtant prêt à faire confiance à l'auteure, étant donné qu'il ne s'agit pas d'une grille de lecture mais d'une orientation générale. Les analyses de textes n'ont pas pour but de mettre en valeur une forme ou l'autre de la culpabilité, mais rejoignent cette notion sur différents plans.

Or, l'approche de Filomena Vitale favorise les rapports de Constant avec les femmes, ce qui n'est pas sans conséquences pour l'ensemble de son ouvrage. Elle insiste beaucoup sur la "grande absente," c'est-à-dire la mère de Constant, morte peu après la naissance de son fils. Malgré la carence de renseignements à ce...

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