Honore de Balzac (review)

Vachon, Stéphane, éd. Honoré de Balzac. Mémoire de la critique. Paris: PU de Paris-Sorbonne, 1999. Pp. 560. ISBN 2-84050-159-7

La collection "Mémoire de la critique" qui semble se consacrer pour l'instant aux écrivains français du dix-neuvième siècle (Mallarmé, Musset, Nerval, Stendhal, Verlaine et Zola) est une excellente initiative. Elle permet aux chercheurs de se familiariser avec l'environnement littéraire de l'époque et de découvrir la réception critique réservée aux œuvres de l'auteur concerné. Stéphane Vachon a eu le mérite, devant l'immensité de la tâche, d'éditer le volume consacré à Balzac. Il s'agissait de sélectionner et de présenter les innombrables textes traitant directement ou indir-ectement de La Comédie humaine et de son auteur: "Compte rendu à parution, conférence, discours, dédicace, étude critique, feuilleton, lettre privée, méditation, monologue dramatique, oraison funèbre, notes, notice encyclopédique, pastiche, préface, poème, récit, sonnet, stances" (7). Un tel travail implique la plus grande exigence afin de n'oublier aucun des textes de référence mais aussi de faire découvrir aux lecteurs des écrits méconnus, voire inédits.

L'ouvrage se présente en trois parties: préface, anthologie, notices. Dès les prem-ières pages de la préface, Vachon souligne ce qui pourra étonner les lecteurs occasionnels de Balzac: "Peu compris, mal lu, guère aimé, rarement pris au sérieux, Honoré de Balzac fut, de son vivant, plus que tout autre parmi ses contemporains, exposé aux sarcasmes, aux quolibets, aux injures d'une critique qui fit alterner les haines, les aveuglements, les partis pris" (7-8). Une fois le ton donné, Vachon explique les limites temporelles qu'il s'est imposé: "Nous voudrions ici poser quelques jalons pour l'histoire à faire de cette révolution (balzacienne) qui nous conduiront jusqu'au vingtième siècle naissant, marqué par une crise générale de la représentation qui affecte tous les arts autant que la littérature . . ." (9). En effet, le dernier texte critique de cette anthologie est signé Paul Bourget et date du 15 février 1926.

La préface permet avant tout d'offrir un panorama des querelles et des débats qui ont continué d'occuper voire de déchirer la critique et les proches de Balzac longtemps après sa mort. Dans ce but, Vachon a soigneusement sélectionné des extraits de correspondances et d'articles qu'il utilise pour nous faire revivre plusieurs affaires balzaciennes. On se délecte ainsi, au fil des pages, des réactions à la publication des œuvres complètes de l'écrivain mais aussi des manigances et des prises de position qui ont entouré les initiatives entreprises à la gloire du romancier. On découvre les nombreux projets de statue monument maintes fois sabordés par la veuve de Balzac et les opposants à cette mise en postérité. D'autres épisodes aussi cocasses ressortent des textes critiques et des correspondances examinés et commentés par Vachon. Ainsi, le concours organisé en juin 1855 par la Société des gens de lettres, qui devait primer la meilleure étude ayant pour thème l'œuvre de Balzac, mais qui ne connut aucun succès. Notons aussi ce groupe de "dévots" balzaciens qui vouaient une admiration sans limite à l'écrivain. Ces fidèles ne vivaient que pour La Comédie humaine en laquelle ils reconnaissaient un véritable guide de la vie. Ce culte balzacien fut parachevé en 1884 par la publication du premier numéro de Le Balzac, "journal politique, littéraire et artistique" (37) dont les contributions étaient signées par des personnages de l'œuvre balzacienne. Par exemple, le "Bulletin politique" par Ras-tignac et le "Bulletin financier" par Nucingen.

La deuxième partie de l'ouvrage de Vachon réunit une anthologie chronologique...