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Nineteenth Century French Studies 30.3 & 4 (2002) 422-423



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Book Review

L'Ame et la musique:
Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase.
Vie de Rossini, Notes d'un dilettante


Stendhal, L'Ame et la musique: Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase. Vie de Rossini, Notes d'un dilettante. Edition présentée et annotée par Suzel Esquier. Paris: Stock, 1999. Pp. 955. ISBN 2-234-05183-5

Le Professeur Suzel Esquier, qui a consacré sa thèse à une étude de la Vie de Rossini de Stendhal, nous procure ici une édition critique de trois œuvres de cet écrivain con-cernant la musique.

Comme elle nous la rappelle dans son Introduction générale, la musique est "la passion la plus forte et la plus coûteuse" de Stendhal. Pourtant par discrétion il n'a pas révélé cette passion à son entourage qui ne la découvrira que plus tard avec étonnement, comme il le mentionne dans ses Souvenirs d'égotisme. Peu de ses con-temporains ont pu rendre hommage à son dilettantisme, à sa compétence et à son expérience en musique.

Stendhal admirait les idées sur la musique de Charles de Brosses, J.-J. Rousseau, Charles Burney, et Mme de Staël.

Ses Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase sont une première affirmation d'une théorie esthétique opposant le Nord et le Midi. Il y réfléchit sur la vie et les œuvres dans le souci de percer ce qui fait le mystère de la création. Dans une déclaration liminaire, Stendhal annonce: "J'ai cherché à analyser le sentiment que nous avons en France pour la musique." Après la chute de Napoléon, se trouvant sans emploi, il entame le 10 mai 1814 son premier livre, qui est terminé fin juin; il le publie à compte d'auteur sous le pseudonyme Louis-Alexandre-César Bombet. Puis, se désin-téressant de son œuvre, quitte Paris pour Milan le 20 juillet.

L'ouvrage remporte un succès de scandale. En effet, la Vie de Haydn, qui comprend vingt-deux lettres, est un plagiat de lettres sur Haydn écrites par le musicographe Giuseppe Carpani (1752-1825), et publiées en 1812. A la sortie du livre signé Bombet, Carpani publie deux lettres qu'il envoie dans les principales capitales européennes les 18 et 20 août, pour dénoncer son plagiaire. Il s'ensuit une polémique dans Le Constitutionnel, en 1815-16 (que S. Esquier reproduit dans ses Annexes I à VII, 253-71), entre Carpani et le pseudo-Bombet.

La Vie de Mozart est accompagnée d'un sous-titre de fantaisie: "Traduite de l'allemand par M. Schlichtegroll." Ce savant allemand (1765-1822) avait publié une notice concernant Mozart en 1793. Stendhal s'en sert effectivement, mais surtout de la Notice biographique de T.C. Winckler (Paris: Fuchs, 1801), qui déclare avoir utilisé le texte de Schlichtegroll. Stendhal retravaille le texte et ajoute des emprunts à un autre biographe, C.F. Cramer.

Quant à la Vie de Métastase: les deux lettres qui la composent sont empruntées à Giuseppe Baretti et à Sismondi (1813). De nombreuses notices contenues dans l'ensemble de l'ouvrage proviennent du Dictionnaire de musique de Choron et Fayolle (Paris: Volade, 1810-11), Stendhal apporte des enrichissements à ses sources toujours bien informées. Il y puise la formulation d'une sociologie de l'art, une réflexion sur le génie. De plus, il y mêle des souvenirs musicaux personnels. [End Page 422]

Il est normal qu'il utilise de bons ouvrages existants, étant donné sa médiocre formation musicale. En fait, même pour écrire ses œuvres de fiction il aura recours à des sources, et refondra aussi ses données pour en faire une œuvre personnelle.

A son retour d'Italie, il compose de 1821 à 1823 la Vie de Rossini (parue le 15/11/1823), qui est comme un hymne...

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