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Nineteenth Century French Studies 29.3&4 (2001) 357



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Book Review

Maurice de Guérin et le romantisme


Huet-Brichard, Marie-Catherine. Maurice de Guérin et le romantisme. Textes réunis et présentés par Toulouse, Presses universitaires du Mirail. 2000. Pp. 224. ISBN 2-85816-514-9

Aux yeux de qui s'attache à définir le romantisme, il n'y a pas d'auteur négligeable. Du reste, plus personne sans doute ne songe aujourd'hui à dédaigner un poète qui - nonobstant une œuvre brève, trop tôt interrompue par une mort précoce - a réussi à forcer l'assentiment de l'Université, ainsi qu'en témoignent les travaux récents de Claude Gély, de Jean-Luc Pire et de Marie-Catherine Huet-Brichard. Maurice de Guérin est-il romantique? Doit-il être rangé au nombre des "petits" romantiques? Et qu'est-ce qu'être romantique? Y a-t-il un sujet romantique, ou une écriture roman-tique? À ces questions difficiles, le présent recueil, qui regroupe les communications présentées lors d'un colloque de mai 1999, apporte des éléments de réponse. Les diverses thématiques de l'œuvre guérinienne se trouvent soumises à un examen attentif: le rêve et les images de l'eau (Claude Gély), les rapports de la poésie avec la peinture (Brigitte Benneteu), le temps (Kurt Schärer), l'aspiration vers l'infini (Jean-Michel Le Lannou, Jean-Pierre Zubiate) et vers les vérités cachées de l'au-delà (Marie-Thérèse Mathet), les rapports avec la nature (Maya Schärer-Nussberger), l'inspiration sacrée (James M. Vest), les allusions à l'antiquité (Xavier Ravier), les manifestations - ou les reniements - de la foi catholique, l'influence de Lamennais et de Gerbet, le paganisme chrétien (ou le christianisme païen) (Dominique Millet-Gérard), les mystères de la création poétique et la disparition du créateur dans son œuvre (Jean Burgos), la confrontation de la poétique guérinienne et des déclarations des écrivains se réclamant de l'école romantique, l'identitification entre la poésie et la parole révélée, antérieure à la Chute et exprimant en toute transparence le rapport de l'être et du monde (Marie-Catherine Huet-Brichard), le genre de l'idylle et le motif de l'Arcadie (Pierre Brunel), enfin les relations littéraires et amicales de Maurice de Guérin avec Jules Barbey d'Aurevilly (Philippe Berthier). Guérin est à l'évidence un poète platonicien : les linéaments de son esthétique s'articulent autour de la volonté de réaliser un type idéal, de saisir sur terre les formes du Beau, de découvrir la part céleste des choses d'en-bas. Cet effort est à la source de l'humanisme mystique des textes guériniens, - humanisme caractérisé par l'union du sublime païen et de mouvements d'âme qui ressortissent du christianisme: il s'agit au fond des traits sous lesquels se manifeste, au XIXe siècle, la pensée néo-platonicienne, elle-même entendue comme la conciliation de l'héritage platonicien et du dogme chrétien. L'auteur doit impér-ativement "se défaire de l'emprisonnement dans la particularité" (48) et toujours tendre à élargir son âme pour l'émanciper des catégories de l'espace et du temps. Mais la modernité littéraire ne réside-t-elle pas, précisément, dans l'ambition de dire la particularité, et non de s'en débarrasser? L'auteur du Centaure paraît, sur ce point en tout cas, complètement à l'opposé d'un Stendhal, dont il fut pourtant le contemporain. Contrairement aux apparences, et contrairement à ce que l'œuvre forcément inachevée de Guérin pourrait laisser croire, le romantisme n'est pas un phénomène univoque.

Michel Brix , Belgium

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