In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Définir les indéfinis by Carmen Dobrovie-Sorin, Claire Beyssade
  • Éric Mathieu
Carmen Dobrovie-Sorin et Claire Beyssade. Définir les indéfinis. Dans la collection Sciences du langage. Paris : CNRS Éditions. 2004. 227pages. 25 € (broché).

Paru dans la collection Sciences du langage fondée par Sylvain Auroux, l’ouvrage de Carmen Dobrovie-Sorin et Claire Beyssade est un excellent travail de synthèse. Superbement édité, le livre donne un aperçu clair et subtil des études récentes sur l’interprétation des indéfinis et permet de rendre accessible aux étudiants et aux chercheurs francophones une littérature majoritairement en anglais. Définir les indéfinis est l’instrument pédagogique idéal pour un séminaire monographique de maîtrise ou doctorat.

L’ouvrage ne se limite cependant pas à résumer la littérature sur les indéfinis, il propose également une hypothèse intéressante et originale. En effet, selon Dobrovie-Sorin et Beyssade, les indéfinis peuvent être analysés de trois façons distinctes : comme des propriétés <e,t>, le type par défaut hors contexte ; comme des variables d’individus <e>; ou comme des expressions quantificationnelles <<e,t>e>. Les deux dernières dénotations sont dérivées de la première par application de règles de changements à la Partee (1987). La sélection des différents types de dénotation se fait par le contexte syntaxique, lexical ou pragmatique.

L’idée novatrice proposée par Dobrovie-Sorin et Beyssade est que des éléments dénotant une propriété peuvent se retrouver dans une position argumentale. Cette hypothèse est intéressante parce qu’elle va à l’encontre de bons nombres d’analyses sémantiques des arguments. En effet, comme le soulignent les auteurs, la grande majorité des théoriciens défendent un homomorphisme strict entre syntaxe et sémantique qui veut que seuls les éléments ayant un type de dénotation caractéristique des arguments (de type individu ou de type quantificationnel) se retrouvent en position argumentale. Toutefois, il faut bien admettre que cet homomorphisme est prêché plus particulièrement par la communauté des sémanticiens que par le groupe des syntacticiens. Même si elle ne fait plus l’unanimité, un bon nombre de syntacticiens soutient aujourd’hui encore l’hypothèse de l’autonomie de la syntaxe.

L’ouvrage comporte huit chapitres suivis d’une brève conclusion et d’un index court, mais très bien organisé. Le chapitre premier « Pourquoi les indéfinis ? » (p. 9–34) sert d’introduction aux concepts de base de la sémantique formelle. Sont introduits dans ce chapitre plusieurs thèmes importants pour la suite de l’argumentation : la notion de portée, la présupposition d’existence versus l’assertion d’existence, la théorie des Quantifieurs Généralisés, la théorie de la DRT (« Discourse Representation Theory »), les propriétés sémantiques des déterminants nominaux (conservativité, intersectivité, symétrie), ainsi que les fonctions de choix et les fonctions Skolem. L’hypothèse majeure de l’ouvrage selon laquelle il existe trois possibilités de dénotation pour les indéfinis est introduite dans ce chapitre. Les similitudes entre l’analyse proposée par les auteurs (déjà annoncée indépendamment dans Dobrovie-Sorin 1997) et celles de McNally (1995) et de van Geenhoven (1998) sont également exposées. En matière d’incorporation sémantique, la théorie de van Geenhoven est bien connue dans la littérature et propose d’unifier sous une même analyse les noms nus et les noms incorporés dans les langues incorporantes (en particulier, le groenlandais de l’ouest).

Le chapitre 2 « La dénotation des pluriels nus et des noms de masse » (p. 35–60) reprend l’analyse de Dobrovie-Sorin et Laca (2003) et se concentre sur les noms nus pluriels [End Page 322] et les noms de masse dans les langues romanes. Suivant la célèbre proposition de Carlson (1977) selon laquelle l’introduction du quantifieur existentiel est imputée aux prédicats plutôt qu’aux indéfinis eux-mêmes, Dobrovie-Sorin...

pdf

Share