Abstract

Historiquement, la relation entre le féminisme et la religion a été lourde de tension. Les féministes ont, avec justesse, critiqué les approches patriarcales de la pratique et de la théorie religieuses qui ont limité ou même exclu la participation des femmes de plusieurs domaines de la vie quotidienne et religieuse. Dans le récent débat sur la sharia en Ontario, les organisations féministes ont critiqué et exposé plusieurs lacunes de la Loi sur l'arbitrage qui ont ajouté, de manière particulièrement démesurée, aux fardeaux des femmes. En se fondant sur cette analyse, la mobilisation féministe a concentré ses efforts sur la proscription de l'arbitrage religieux comme seule méthode acceptable de protéger les femmes vulnérables. Les féministes canadiennes ont résolu que les intérêts des femmes vulnérables—les musulmanes, en particulier—seraient mieux protégés par une séparation stricte du droit et de la religion. Cette stratégie de sécularisation comme solution évidente à l'inégalité des genres pose, cependant, problème pour de nombreuses raisons. Premièrement, elle ne tient pas compte des femmes religieuses qui voudraient peut-être vivre une vie axée sur leur religion. Deuxièmement, l'appui féministe d'un mécanisme réglementé exclusivement par l'État occulte la résistance légitime aux politiques adoptées par le gouvernement depuis les événements du 11 septembre 2001 qui perpétuent des mesures punitives et stigmatisantes à l'égard des personnes de couleur. À travers le prisme du débat sur la sharia, le présente article explore et complexifie la division stricte dressée volontairement entre le religieux et le séculaire en vue de rétablir un équilibre qui réponde mieux aux besoins des femmes religieuses.The relationship between feminism and religion has historically been fraught with tension. Feminists have rightly criticized patriarchal approaches to religious practice and theory that have limited or excluded women's participation in many matters of everyday and/or religious life. In the recent "sharia debate" in Ontario, feminist organizations were critical in exposing the several deficiencies in the Arbitration Act that had an unduly burdensome impact on women. Relying on their analysis, feminist mobilization focused its lobbying efforts on proscribing religious arbitration as the only acceptable means of protecting vulnerable women. Canadian feminists resolved that the vulnerable interests of women—Muslim women, in particular—were best protected through the strict separation of law and religion. However, this strategy of secularism as the obvious solution to gender inequality was problematic for a number of reasons. First, it shows no consideration for religious women who might want to live a faith-based life. Second, the feminist endorsement of an exclusively state-run apparatus fails to understand the legitimate resistance to government policies post 9/11 that have perpetuated punitive and stigmatizing measures against people of colour. Through the prism of the "sharia debate," this article explores and complicates the strict divide that was created between the religious and the secular with a view to finding a balance that more appropriately meets the needs of religious women.

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