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  • Madame de Villedieu romancière: nouvelles perspectives de recherche
  • Claudine Nedelec
Madame de Villedieu romancière: nouvelles perspectives de recherche. Études réunies par Edwige Keller-Rahbe. Presses universitaires de Lyon, 2004. 300pp.

Comme le rappellent en ouverture; E. Keller-Rahbéet M. Cuénin, Villedieu romancière bénéficie désormais de la réhabilitation des productions romanesques du XVII esiècle, de 'l'écriture au féminin' en ce siècle qui vit naître, en Villedieu justement, l' écrivaine, et de textes 'audacieux, tant sur le plan formel qu'idéologique'. D'où l'intérê t de faire le point sur les recherches actuelles, notamment américaines. La bib-liographie matérielle (R. Harneit) démontre le succès européen de la romancière en son siècle. Puis E. Keller-Rahbéet D. Kuizenga étudient avec précision, dans les liv-raisons de la Bibliothèque universelle des romans, ou dans les traductions anglaises, comment le XVIII esiècle se réapproprie textes et biographie, entre 'correction' et déformation (critique). S'y ajoute un excellent article de R. Démoris ('De l'importance d'ê tre badin'), qui analyse dans les Mémoires de Henriette-Sylvie de Molièreune posture énonciative entre 'bassesse du comique et irréalisme baroque', entre sérieux de l'étude des passions et mise à distance plaisante, voire ironique, des per-sonnages et des leçons morales - malgré'raison et bienséance', et non sans un soupçon d'hétérodoxie 'badine'. Dans 'Stratégies littéraires', N. Grande souligne l'originalitéaudacieuse de l'abondante parole paratextuelle de l'auteure. La démonstration de F. E. Beasley (Villedieu ferait de ses lecteurs mondains ses 'élèves' et ses 'col-laborateurs') met en évidence les traits esthétiques et idéologiques de la culture de Cour, mais appelle quelques nuances: faut-il être un aristocrate mondain du XVII esiècle pour observer qu"on n'aime point par choix'? Agnès de Molière le dit aussi, et la valeur universelle des maximes, liée à la permanence du coeur humain, est fortement affirmée par Villedieu, classique en cela.

G. Letexier et J. Cherbuliez étudient ensuite le rapport à l'Histoire. Si l'on suit volontiers le premier dans son analyse du savoir historique convoqué (on ne peut donc tout accorder à la culture mondaine), mais détourné, notamment au profit d'une satire vigoureuse de l'hypocrisie religieuse et d'une 'démolition du héros', l'article de J. Cherbuliez ('Réécriture de l'exil ovidien') laisse perplexe: à côté de vues éclairantes sur le 'rapport entre politique, espace et écriture', certains développements paraissent bien contestables (sur la figure d'Ovide, notamment en burlesque; sur le rapport des Exilésà la pastorale; sur la notion de 'marge' . . .). La dernière section, consacrée au Portefeuille, décrit (avec quelque redondance) son caractère novateur, en ce qu'il porte à son plein développement l'esthétique et l'éthique de la vraisemblance: absence de 'commentaires moralisateurs' extérieurs (D. Godwin), distanciation ironique du lecteur envers des personnages 'ordinaires' [End Page 513]eux-mêmes désillusionnés; concentration du récit sur une évolution psychologique conforme au 'caractère' (R. Decker Lalande), et au milieu social, où la communication épistolaire joue un rôle aussi essentiel qu'ambigu (E. C. Goldsmith). Mais considérer, non sans contradictions internes, Le Portefeuillecomme un 'drame épistolaire' (R. Decker Lalande) appelle de nettes réserves. Ce riche ensemble de 'nouvelles perspectives' donne utilement à réfléchir à un 'roman' du XVII esiècle bien plus complexe et profond qu'on a longtemps voulu le présenter. [End Page 514]

Claudine Nedelec
Université d' Artois

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