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  • Les Langages de Larbaud
  • Pascal Mercier
Les Langages de Larbaud. Études réunies par StéPhane Chaudier et Françoise Lioure. Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2006. 369pp. Pb €30.00.

Curieuse postérité littéraire que celle de Valery Larbaud et qui n'est pas sans évoquer celle de Stendhal au début du siècle passé. En effet une poignée de fervents happy few [End Page 539]larbaldiens s'envoient aujourd'hui à travers les continents de discrets signes de reconnaissance autour d'un luxueux et amical bulletin annuel (imprimé par les Éditions des Cendres) et font régulièrement le pèlerinage vichyssois, tout comme vers 1900, Léautaud, Régnier, Valéry allaient communier dans le culte beyliste à la librairie Le Divan. A l'image de Martineau jadis, de courageux éditeurs publient avec un soin méticuleux des inédits, tels Bruno Roy ( De la littérature que c'est la peineet Le Palais de cristal, Fata Morgana, 1991 et 2002) et Claire Paulhan ( Journaux1931-32, 1934-35, Correspondance avec Jacques Rivière, établie par Françoise Lioure, et Notes pour servir ma biographie, Claire Paulhan, 1998-99 et 2006). Par ailleurs Anne Chevalier (coordinatrice du Cahier de l'Herneen 1992) réunit les articles épars: Lettres de Paris pour le New Weekly et Du Navire d'argent(Gallimard, 2001 et 2003). En outre, les universitaires, s'ils ne l'incluent plus guère aux programmes de leurs cours, ne le négligent pourtant pas. Nous en donnerons pour preuve, les huit colloques à lui consacrés et par la suite publiés: Vichy en 1961, 1972, 1977, Amiens en 1981, Cerisy en 1983, Paris-Sorbonne en 1989, Strasbourg en 1992 et le dernier en date intitulé 'Langages de Larbaud', à Clermont-Ferrand en 2004, dont nous examinerons ci-dessous les actes publiés en 2006.

La répartition des vingt-deux communications de ce volume en trois sections — 'Technique', 'Langages', 'Écriture et poétique' — a l'avantage d'associer des analyses complémentaires tout en évitant les chevauchements (même lorsqu'elles portent sur les mêmes textes). Toutefois, ces regroupements ne gomment pas entièrement les disparates inhérentes à ce genre de recueil, ni le fait que la plupart des intervenants s'attachent plus à des études fragmentaires ou thématiques qu'à une prise en compte plus large des 'langages' de Larbaud (à la notable exception de Jean Claude Corger qui situe subtilement ses 'écritures' en un 'entre-deux'). Cela doit s'expliquer par le fait que, à part Monsieur Corger justement, aucun des communicants ne se revendiquerait sans doute comme de purs 'larbaldiens' mais comme des linguistes, phonéticiens, sémioticiens, stylisticiens ou encore comparatistes (à l'exemple de Sylvie Parizet qui étudie ici dans Amants, heureux amants... le thème marginal de 'Babel', objet de sa brillante thèse). Nous nous trouvons donc en face de critiques qui profitèrent de l'occasion de ce colloque pour étudier un aspect particulier de l'œuvre du père de Barnabooth. L'hétérogénéité de leurs approches contribue sans aucun doute à un enrichissement des études larbaldiennes, même si c'est peut-être au détriment de leur approfondissement. Elle témoigne bien évidemment en faveur de l'intérêt d'une uvre complexe qui a su allier, en un mélange paradoxal, un très grand respect de la tradition littéraire et des procédés stylistiques parmi les plus révolutionnaires. Une œuvre qui est loin d'avoir livré tous ses mystères et dont les charmes, secrets mais puissants, ne sont pas près d'être éventés.

Pascal Mercier
University of Sheffield

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