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Reviewed by:
  • The Place of Exile. Leisure Literature and the Limits of Absolutism
  • Lise Leibacher-Ouvrard
Juliette Cherbuliez . The Place of Exile. Leisure Literature and the Limits of Absolutism. Lewisburg: Bucknell University Press, 2005. 282 pp.

Ces recherches font originellement partie des excellents travaux de thèse auxquels les disciples de Joan DeJean nous habituent depuis des années. Par bien des côtés, le bel ouvrage qui en est issu ici constitue d'ailleurs un complément important non seulement aux Tender Geographies (1991) de DeJean elle-même mais aux travaux de Nicholas D. Paige sur l'impératif culturel d' "être intérieur," au XVIIe siècle(Nicholas Paige, Being Interior: Autobiography and the Contradictions of Modernity in Seventeenth-Century France). C'est en effet l'imposition différente de vivre "à l'extérieur" qui est traitée ici, telle surtout que l'ont négociée certaines fictions marquées par l'exil, écrites par des femmes, depuis la Fronde en particulier. A partir d'une remarque de Stendhal dans Racine et Shakespeare—"Le chef d'œuvre de Louis XIV, le complément du système de Richelieu, ce fut de créer cet ennui de l'exil"—, l'Introduction (pp. 13–41) établit d'abord [End Page 159] comment l'anxiété d'exclusion de la cour a pu produire une "culture de désaffection," un "imaginaire de l'exil" lui-même générateur de "fictions de loisirs" dans lesquelles des modèles alternatifs de sociabilité ont été inventés.

Judicieusement construit, ce livre traite de quatre cas différents, de plus en plus éloignés du centre géopolitique du pouvoir. Le premier chapitre ("Diversions: Montpensier's Exilic Communities," pp. 42–107) porte sur le bannissement imposé par le roi à la Grande Mademoiselle après la Fronde. Si "L'exil de la Cour est l'enfer des Courtisans" (Furetière), cet essai bien documenté prouve amplement comment Montpensier a su, elle, mettre à profit son "éloignement forcé"; entre autres par une politique de "divertissements" qui aboutira à élaborer, à Saint-Fargeau, non seulement une manière de "contre-cour" mondaine mais une communauté basée sur le livre et dans laquelle les femmes ont joué un rôle prépondérant.

Le second chapitre ("Detours: Ovidian Fantasies of Community and Villedieu's Les Exilez de la Cour d'Auguste," pp. 108–146) a pour fil conducteur une des fables produites (malgré lui) par Ovide—celle de l'exil final du poète romain lui-même, un des piliers pourtant de la culture de son temps, qui allait aussi inspirer bien des arts sous l'Ancien Régime, et dont la figure complexe autorise ici des parallèles avec les pratiques de patronage ou d'exclusion du régime louis-quatorzien. Après avoir développé la singularité courtisane du Benserade des Métamorphoses d'Ovide en rondeaux (1676), un bref retour sur la chute éclatante de Fouquet s'imposait. Car si le parallèle entre Ovide et le ministre disgracié semble un peu forcé, leur relation éclaire bien le roman de Villedieu dont l'analyse suit, et où les choix formels de l'insularité pastorale et du roman en série sont lus par Cherbuliez comme participant délibérément d'une politique nostalgique.

En s'ouvrant par une lecture jointe de l'"Origine du roman" (que Huet proposait lui-même comme un dépassement de diverses frontières), une étude de Zayde ("Periphery: Zayde and the Domestic Conquest of the Nation," pp. 147–186) définit ensuite sans difficulté les exils et espaces culturels variés dont Lafayette tisse son "Histoire espagnole." Mais c'est surtout sa distanciation exotique qui intéresse quand elle est lue comme l'examen implicite (et fortement ambivalent sur le plan politique) des stratégies expansionnistes du régime. [End Page 160]

En dernier lieu enfin, c'est à des oppressions et résistances plus réelles que s'adresse le quatrième chapitre ("Diaspora: Francophone Refugee Fiction from Hortense Mancini to Anne de La Roche-Guilhen," pp. 187–234). A la suite (mais non exclusivement) de la révocation de l'Edit de Nantes...

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