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Reviewed by:
  • Dancing with de Beauvoir: Jazz and the French
  • Jean-Louis Pautrot
Colin Nettelbeck. Dancing with de Beauvoir: Jazz and the French. Melbourne: Melbourne University Press, 2004. ix + 241 pp.

Plusieurs livres parus ces dernières années s'intéressent à l'impact du jazz sur la France et sur sa vie artistique. Cependant, la majorité de ces ouvrages concernent l'entre-deux-guerres: citons les travaux de Jody Blake (Le Tumulte noir: Modernist Art and Populist Entertainment in Jazz-Age Paris 1900–1930), Bernard Gendron (Between Montmartre and the Mudd Club: Popular Music and the Avant-Garde), Jeffrey Jackson (Making Jazz French: Music and Modern Life in Inter-War Paris). Jusqu'à présent, aucune étude approfondie n'incluait la période post-1945, surtout en ce qui concerne les rapports complexes de la littérature et de la pensée avec le jazz. La seule exception notable demeure Ludovic Tournès (New Orleans sur Seine: Histoire du jazz en France), mais celui-ci s'en tient à l'histoire du jazz en France et tire peu de conclusions interdisciplinaires. Le livre de Nettelbeck s'appuie sur les ouvrages précédents et les dépasse, en proposant non seulement un panorama général de l'implantation du jazz en France, mais aussi une exploration de la profonde et durable influence qu'il exerça sur les arts et les lettres.

L'idée centrale au propos de l'auteur est que sans le jazz la culture française n'aurait pas évolué comme elle l'a fait (i). Non moins centrale est sa conviction que la relation amoureuse entre le jazz et la France atteignit son apogée dans les quinze ans qui suivirent la deuxième guerre mondiale (68).

L'ouvrage est divisé en deux parties, marquant sa dualité de récit historique et d'analyse esthétique. La première, "New Sounds from America," retrace en quatre chapitres la trajectoire d'absorption du jazz dans la culture française, depuis son arrivée avec la fanfare de James Reese Europe à Nantes en 1918, jusqu'à l'émergence d'un jazz [End Page 137] français et sa reconnaissance mondiale au travers d'artistes tels Michel Petrucciani.

La deuxième partie, "Jazz in French Art and Thought," examine l'impact du jazz sur les modernismes ("Folk Hot or Modern Cool?"), sur la littérature ("Making Crocodiles Daydream"), sur le féminisme ("Dancing with De Beauvoir"), et sur le cinéma ("In One Word: Emotion"). Le dernier chapitre, plutôt une conclusion générale, s'interroge sur les incompréhensions mutuelles et les replace dans le cadre plus large des relations franco-américaines.

C'est dans la seconde partie que l'auteur livre ses conclusions les plus intéressantes. Nettelbeck montre, entre autres, comment le jazz, dans les années vingt, a pu jouer simultanément le jeu du primitivisme et de la fascination de l'avant-garde artistique et lettrée pour les arts populaires (100); comment il a d'abord affecté la vision du monde d'écrivains comme Morand (126), avant, chez Céline, d'influencer le style proprement dit; comment son ouverture et sa spontanéité ont aidé Sartre à formuler son esthétique littéraire (131); comment il est devenu une seconde nature chez Queneau ou Vian, à tel point que celui-ci donne au lecteur l'impression d'improviser le récit de l'Écume des jours plus que de l'écrire. Le chapitre sur jazz et féminisme présente la thèse la plus originale en affirmant que le jazz eut plus d'impact sur de Beauvoir et son féminisme naissant que sur Sartre: s'il s'en est servi pour informer et illustrer son esthétique, elle en a déduit un programme d'action (158). Enfin, "Jazz et cinéma" s'intéresse avant tout à la relation étroite que l'art noir-américain entretient avec les cinéastes de la Nouvelle Vague, en particulier Malle et Godard. Néanmoins Tavernier et son fameux Round Midnight ne sont pas oubliés.

L'avantage de cette étude bien documentée tient à ce qu'elle constitue une solide introduction au sujet...

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