In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les Traductions de l’italien en français au XVIIIe siècle
  • Ioana Galleron
Les Traductions de l’italien en français au XVIIIe siècle. By Giovanni Dotoli, Vito Castiglione Minischetti, Paola Placella Sommella and Anna Maria Rubino . Biblioteca della ricerca, Bibliographica 4, Bibliothèque des traductions de l’italien en français du XVIIIe siècle). Fasano, Schena — Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001. 420 pp.

Reconnue comme un des outils les plus importants de l'histoire des idées, l'étude des traductions procède souvent de manière empirique ou univoque, fondant ses conclusions soit sur des sondages fatalement limités par les connaissances et les affinités du chercheur, soit sur des analyses consacrées exclusivement à une seule œuvre. C'est à ce double écueil que l'ouvrage dirigé par G. Dotoli propose d'échapper, en offrant une bibliographie exhaustive des traductions de l'italien en français au XVIIIe siècle. Elle constitue la seconde partie du volume (naturellement, la plus fournie) précédée d'une série d'études qui font apercevoir les grandes caractéristiques de trois périodes distinctes dans l'histoire des relations culturelles transalpines. On apprend ainsi que l'italien [End Page 515] subit une perte de vitesse de 1700 à 1740, palpable dans la stagnation de l'intérêt pour le théâtre. Langue d'Arioste et du Tasse, elle traîne une réputation d'érotisme qui oriente l'attention des Français surtout envers les livrets d'opéra. Il existe cependant des lecteurs pour les ouvrages d'historiens italiens, notamment lorsqu'ils soulèvent des questions juridiques: ce public-là donnera, dans la seconde moitié du siècle, une impulsion considérable aux traductions de sciences sociales, qui arrivent à rivaliser quantitativement, de 1740 à 1780, avec les écrits à caractère religieux et édifiant (créneau pourtant traditionnel des transpositions en français). A cet engouement pour Beccaria s'ajoute une découverte passionnée de Goldoni, dont la vogue s'intensifie au cours de la troisième période d'étude, allant de 1780 à 1800. Les guerres napoléoniennes mettent un coup de projecteur sur un pays considéré comme une terre de contrastes, où les vices et le retard dans le développement voisinent avec des avancées culturelles considérables. Quoique la France revendique le rôle de leader de la pensée européenne, le nombre de traductions de traités d'économie, de politique, d'agriculture montre que la réputation de locomotive intellectuelle de l'Italie n'est pas totalement éteinte. Le théâtre musical et l'art italien sont redécouverts, en même temps qu'Aretino devient aussi connu que Le Tasse. On peut regretter le caractère assez arbitraire des découpages temporels, surtout en ce qui concerne les limites du XVIIIe siècle. Cependant, le catalogue des traductions fourni permettra aux chercheurs futurs d'affiner les contours des périodes. On ne peut qu'espérer qu'une telle entreprise trouvera son équivalent à propos d'autres langues, afin d'aboutir, à terme, à une radiographie complète des apports étrangers à la formation et l'affermissement de l'esprit des Lumières.

Ioana Galleron
Université de Bretagne Sud (Lorient)
...

pdf

Share