Abstract

A partir d'un échantillon de deux journaux quotidiens (Le Gaulois et Le Figaro) et de quatre magazines (L'Écho mondain, Le Grand Monde, La Gazette mondaine et La Revue mondaine des salons), cet article analyse la poétique du carnet mondain des années 1890, au moment où la France entre dans l'ère médiatique. Il vise à dégager les trois éléments principaux — événementialité, société, temporalité — qui permettent au journal de constituer une sociabilité médiatique, c'est-à-dire la représentation d'une communauté relativement homogène et de ses rituels mondains. Le carnet est donc un exemple probant de la façon dont le journal crée du lien social et le représente, quoique cette représentation soit très codifiée et stéréotypée. Dans un second temps, l'article fait valoir que la 'spectacularisation' de la mondanité a des effets dans d'autres secteurs du discours social, notamment la littérature. Une analyse sociocritique montre que, de Maupassant à Proust, certains romans réinscrivent la sociabilité médiatique dans leurs textes, exploitant et approfondissant le riche horizon de références du journal. Cet article suggère en conclusion que journal et roman construisent ainsi des fictions où la communauté peut s'imaginer et se représenter.

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