Abstract

Le problème initial de la « violence à l'égard de la femme » établi par les féministes au cours des années 1970 s'est transformé en « violence conjugale », puis en « violence à l'égard du mari ». Les auteures présentent une étude cas de ce problème nouvellement identifié qu'est la violence à l'égard du mari en soutenant qu'il illustre bien les rapports complexes que les écoles néo-libérale, néo-conservatrice et féministe entretiennent avec le régime de justice pénale. Selon ces auteures, le mythe voulant que les hommes soient battus aussi souvent que les femmes — argument qui remet en cause quelques décennies de recherche, de théorisation et d'action féministes — traduirait une réaction négative contre les « victoires » remportées par les féministes et par les groupes de promotion de la sécurité des femmes. Or, la nouvelle argumentation entourant la violence à l'endroit des hommes ne serait pas qu'une réaction anti-féministe. En fait, elle serait en passe de devenir de plus en plus le nouveau « sens commun », la nouvelle perspective des décideurs, des médias et des groupes intermédiaires exerçant de l'influence. Les auteures veulent démontrer que les succès mêmes du féminisme, conjugués à la gouvernance néo-libérale, au pouvoir émergeant des mouvements masculins et aux nouveaux médias des communications, ont suscité des thèmes, des mentalités et des pratiques nouvelles. Enfin, puisque l'argument voulant que les conjoints et les conjointes soient susceptibles au même degré de commettre des actes de violence résonne avec les discours de promotion de l'égalité et vient renforcer les propos qui font valoir l'application d'une « solution de justice pénale » à n'importe quel problème social, on aboutit à un phénomène de « revanche » et, partant, d'excès d'égalité.

The original problem of "wife abuse," which feminists constituted in the 1970s, has morphed into "domestic violence" and then into "husband abuse." We present a case study of the newly discovered problem of "husband abuse," which we argue exemplifies the complexities of neo-liberalism, neo-conservatism, and feminist engagement with the criminal-justice state. We argue that the myth that men are battered as often as women, an argument that challenges decades of feminist research, theory, and activism, is constitutive of a backlash against women's safety and feminist "victories." We caution that such claims must be read as more than anti-feminist backlash but are increasingly becoming the new "common sense," the dominant lens used by policy makers, media, and influential interest groups. We demonstrate how the very successes of feminism, combined with neo-liberal governance, the burgeoning power of men's movements, and new communication media, have given rise to new subjects, mentalities, and practices. As the claim that male and female partners are equally prone to violence resonates with discourses of equality and reinforces constituencies promoting criminal-justice "solutions" to all social problems, the result is equality with a vengeance.

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