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Reviewed by:
  • Musique et langage chez Rousseau. SVEC 2004:08
  • Ghyslaine Guertin (bio)
Claude Dauphin, éd. Musique et langage chez Rousseau. SVEC 2004:08.Oxford: Voltaire Foundation, 2004. xiv+261pp. £55; €90; US$111. ISBN 0-7294-0846-9.

Voici les actes d'un colloque qui rendent bien compte d'une approche résolument pluridisciplinaire. Le lecteur y découvre, en effet, un thème dynamique ouvert à des problématiques diversifiées sollicitant tour à tour la philosophie, la psychosociologie, la neuropsychologie, la psychanalyse, la linguistique, l'ethnomusicologie et la sémiologie, en passant par la botanique et les sciences politiques ... Quel parcourt ambitieux!

L'argumentaire général vise les rapports entre la musique et le langage dans l'œuvre de Rousseau et les associe à l'état de nature et l'état de société, suscitant des questionnements fondamentaux sur « les grands paradoxes rousseauiens de l'art et de la science, du sentiment et de la raison; du Sud et du Nord, du beau et du laid, du vrai et du faux » (ix). Les démarches pluridisciplinaires empruntent les deux axes essentiels de l'univers de Rousseau traversé, comme le souligne à juste titre Dauphin, par « l'obsession de l'origine et, son conséquent, la quête d'une perspective future » (xiv). Cette pluridisciplinarité contribue à mieux cerner Rousseau lui-même et à susciter de nouvelles pistes de réflexion.

Il en est ainsi de la démarche de M. Schmouchkovitch qui, interrogeant cette obsession de l'origine, s'attarde à la scène primitive du langage afin de mettre en relief les fonctions du désir et du plaisir qui marqueront « le passage de l'individuel au collectif » (110). De même convient-il de se référer à J.-P. Despins qui démontre, par le biais des découvertes actuelles de la biomusicologie, le « fondement biologique commun » (146) de la musique et du langage. Pas question alors de considérer la musique « comme la sœur cadette du langage mais comme sa sœur aînée ou du moins sa sœur jumelle » (145). Les points de vue différents des deux auteurs suscitent étonnement et curiosité.

Par ailleurs, C. Kintzler, dans son grand texte d'introduction, « Musique, voix, intériorité et subjectivité: Rousseau et les paradoxes de l'espace », insiste sur la portée réelle de la pensée du philosophe qui est d'engager « avec une histoire de la subjectivité et de la découverte de l'humanité par elle-même, avec une vision de la culture, des questions ontologiques et morales » (19). Cet enjeu traverse tout le champ de l'esthétique en passant par le pôle de la réception: types d'écoute, effets provoqués par la musique, apprentissages du goût, interprétations de la musique ... .

D'entrée de jeu, J.-F. Perrin et J. Fisette proposent deux approches complémentaires sur le sens de l'écoute qui, selon Rousseau, permettrait d'accéder à la vérité subjective. Autrement dit, comment la musique fait-elle signe à l'auditeur? Perrin analyse la pensée de Rousseau sur la fonction de l'imitation musicale à partir de la perspective de « l'écoute du sensible » (20). Mais pourquoi cette obligation de faire sens par le bais de l'imitation? Que représente [End Page 534] cet art des sons? De quelle musique s'agit-il? Quelle est la fonction octroyée à l'imaginaire dans l'écoute? Ces problématiques demeurent fascinantes lorsqu'elles sont traitées par un sémioticien comme Fisette (39–47) dont l'art de la démonstration repose toujours sur des préoccupations de nature pédagogique; le lecteur n'a pas à craindre l'hermétisme ou l'obscurité qu'on reproche parfois à cette discipline.

D'autres voies d'analyse sont également présentées autour des effets produit par la musique et plus spécifiquement sur leurs causes morales et physiques. J.T. Scott s'intéresse à la théorie du climat en analysant les rapports de similitude et de différences entre les points de vue de Montesqieu et de Rousseau (52). Quant à M. Morgenstern, le concept d'authenticité bien présent chez Rousseau le conduit...

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