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Reviewed by:
  • The Bohemians of the Latin Quarter
  • Alain M. Lescart
Murger, Henri. The Bohemians of the Latin Quarter. Trans. Ellen Marriage and John Selwyn, intro. Maurice Samuels. Philadelphia: University of Pennsylviana Press, 2004. Pp. 392. ISBN 0-8122-1884-1

La nouvelle publication d'une traduction des Scènes de la Vie de Bohème d'Henri Murger, The Bohemians of the Latin Quarter, offerte par les presses de l'Université de Pennsylvanie, est en fait une réédition de la version anglaise de 1901, The Latin Quarter, traduite en son temps par Ellen Marriage et John Selwyn. L'anglais du texte britannique a le charme désuet de l'éloquence du langage encore en vigueur en début de vingtième siècle, un style qui donne un certain genre détaché et hautain à ce texte [End Page 398] léger et amusant de Murger. Cette traduction choisit une approche plus littéraire que littérale et prend parfois des libertés par rapport au texte original, dans le but évident d'une meilleure transposition culturelle du texte vers le public anglophone de l'époque. En conséquence, certains traits culturels spécifiquement français ont été gommés du texte. L'éditeur choisit la voie de la facilité en écartant l'exercice de style de nouveaux traducteurs potentiels, les ayant droits de l'époque étant passés de vie à trépas; une approche qui rappelle certainement les artistes de Bohème désargentés de Murger. Il aurait cependant été appréciable, voire nécessaire, d'obtenir une nouvelle traduction plus contemporaine. Que cela ne vous arrête cependant pas de lire cette version stylisée fort distrayante.

L'introduction de Maurice Samuels lie la réception postérieure du drame et du livre de Murger (1845-49, 1849, 1851) avec l'opéra de fin de siècle (1896) qui a rendu ses personnages (Rodolphe et Mimi) fameux: La Bohême de Puccini. Il faut toutefois rajouter à la note explicative de Samuels que le librettiste de Puccini a modifié le scénario de l'opéra par rapport au texte originel de Murger, ce qui conduit le public non-initié à interpréter le texte de Murger à travers les métamorphoses de Puccini. La Mimi de Puccini récupère, réarrange et assimile les traits de la gentille petite grisette Francine (chapitre dix-huit) – dans l'épisode de sa rencontre en bout de chandelle éteinte avec le sculpteur Jacques, suivie par l'épisode romantique du manchon reçu par la brave fille amoureuse, sur son lit de mort – en attribuant ces traits à Mimi dans sa relation avec Rodolphe. Puccini, suivant la nouvelle tendance générale de représentation des grisettes en fin du dix-neuvième siècle, purifie Mimi et lui donne un aspect un peu plus idéalisé que dans le texte originel, avant sa fin dramatique. L'introduction de Samuels présente un judicieux condensé sur les nouvelles relations économiques de l'époque qui sont une des deux considérations importantes du "roman" (il s'agit en fait d'un tableau de mœurs. Murger lui refuse l'appellation de roman). Il aurait été utile d'y ajouter une étude détaillée sur le deuxième volet de cette œuvre, la représentation des femmes entretenues, autre point essentiel également attaché à la question obsessionnelle de l'argent. Mimi, Musette et Phémie (les Trois Grâces du chapitre dix-sept), dans le texte de Murger, sont localisées à la lisière des eaux de la galanterie parisienne, en pleine mutation depuis 1841, avec l'apparition de la lorette qui s'oppose à la grisette en pleine idéalisation depuis Musset (cf. Mimi Pinson, profil de grisette). Le roman de Murger présente ces filles en demi-grisettes, demi-lorettes, dans une tradition qui se rattache plus à la Lisette de Pierre-Jean de Béranger, le poète et chanteur le plus populaire de la première moitié du dix-neuvième siècle. Le texte de Murger permet d'appréhender les mutations qui se sont mises en place dans un Paris bourgeois où l'argent et la Bourse sont devenus les...

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