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Reviewed by:
  • Médaillons nervaliens. Onze études à la mémoire du père Jean Guillaume
  • Adriana Chimu
Mizuno, Hisashi, éd. Médaillons nervaliens. Onze études à la mémoire du père Jean Guillaume. Etudes Du Romantisme au Japon, II. Kobe, Japon & Saint-Genouph, France: Société des Etudes du Romantisme au Japon & Librairie Nizet, 2003. Pp. 180. ISBN 2-7078-1282-X

Ce recueil d'articles est dédié au regretté Jean Guillaume (1918-2001), chercheur belge connu pour ses éditions critiques et exégèses de l'œuvre de Nerval, ainsi que pour la direction, avec Claude Pichois, de la nouvelle édition des Œuvres Complètes de Nerval en trois volumes à la Bibliothèque de la Pléïade (1984-1993). L'ouvrage débute par les témoignages de trois disciples du professeur des Facultés de Namur. Michel Brix rappelle l'état anarchique du corpus nervalien au début des années 1960: éditions souvent incorrectes, textes mutilés, attributions douteuses, datations inexactes. C'est alors que Jean Guillaume commença une entreprise méthodique de débroussaillage et de retour aux œuvres originales. Grâce à son travail, il est désormais impossible de gloser sur des textes incomplets, ou d'ajouter foi à certains travestissements de Nerval par la postérité – annexions littéraires (tel le réinvestissement de Nerval par Breton aux couleurs du surréalisme), lectures occultistes, explication des Chimères par le tarot. C'est le Père Guillaume professeur de littérature et excellent poète wallon qu'évoque ensuite Christine Bomboir d'Affnay, dans les méandres d'un parcours de chercheur ayant abouti à trois décennies de travail sur Nerval. Lieven d'Hulst rappelle pour sa part le traducteur œuvrant à transposer la poésie wallonne (la sienne y comprise) en français, à l'instar de l'attachement d'un Nerval à l'émancipation de la poésie populaire française, méconnue et inaccessible à un lectorat plus vaste. Un dernier hommage est rendu au Père Guillaume par Jean-Claude Polet, son successeur aux Facultés de Namur, qui, abordant le cycle de conférences données par Léon Bloy en 1891 au Danemark (les Funérailles du Naturalisme), sonde leurs échos dans la presse danoise du temps et à l'intérieur de la situation littéraire et intellectuelle de Copenhague.

La suite du volume est entièrement consacrée à Nerval. Jacques Bony se penche sur le premier récit en prose nervalien, La Main enchantée (1832), conte fantastique parodique qui tourne en dérision un anti-héros, victime risible de la magie, et dont le sort final est la mutilation et le gibet. Derrière tous les dispositifs ironiques de mise à distance percent néanmoins les obsessions profondes de l'auteur : conflit avec le père, peur de la castration. En rédigeant la Main enchantée, Nerval choisissait en fait délibérément la carrière des lettres, contre le gré du Dr Labrunie son père, et s'incrivait, dans l'inconscient du texte, en fils indigne et symboliquement parricide, aux prises avec un père vindicatif et castrateur.

Viennent ensuite deux études sur Léo Burckart, drame nervalien de 1839. Max Milner déplore son statut de grand méconnu du théâtre romantique, et relève son caractère éminemment moderne. Si Léo Burckart, à l'instar de Lorenzaccio, met en œuvre la critique de l'idéalisme romantique et joue de l'anti-héroïsme de son protagoniste, il devancerait, selon Milner, la pièce de Musset, dans son maniement grinçant, voire caricatural, des ressorts romantiques traditionnels. En apparence, la pièce explore l'incompatibilité entre l'idéal et le réel, la pensée et l'action, et semble prôner, sous la monarchie de Juillet, l'abstention de l'action politique et la fuite dans la pure spéculation. Néanmoins, le chevalier de l'Idée n'est pas ici la figure romantique de l'artiste, [End Page 431] victime exemplaire et tragique de ses idéaux, mais un intellectuel bourgeois dépourvu de panache, enclin à l'autosatisfaction et à l'autoritarisme, et insuffisamment exercé à la lecture lucide...

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