Abstract

L'application de la notion de risque ainsi que sa modélisation, soit la conceptualisation de divers résultats et conséquences négatives d'un événement, sont des démarches bien établies en sciences humaines et en gestion de crise. Selon l'auteur, le risque se cache dans l'ombre qui s'infiltre entre le connu et l'inconnu. La présente étude s'inscrit dans le cadre d'analyses d'événements peu probables et à coût élevé tels que ceux découlant des tactiques classiques du terrorisme. Ce sont les événements « choc », tels celui du 11 septembre 2001, qui facüonnent de manière dramatique les risques et la crainte des risques et, partant, les décisions, scénarios, tactiques et démarches institutionnelles devant prévenir d'autres attentats. Par ailleurs, la prise de décision à court terme et en période de crise subit l'influence disproportionnée des effets de groupe, de la nécessité d'un consensus, et de la primauté de l'action sur la réflexion, la différence et la débrouillardise. Il convient de préciser, à cet égard, que l'attrait de l'analyse du risque en matière de sécurité est sans équivoque : ce type d'analyse aide à simplifier des processus décisionnels complexes, elle s'accommode bien de la fausse croyance technologique selon laquelle la surveillance, les stratagèmes et les modèles électroniques et informatisés remplaceraient le jugement de l'être humain, qui ne traiterait plus que les questions faciles grâce à l'ordinateur et à une base de données. L'analyse du risque propulse à l'avant-scène une planification statistique rationnelle et l'application de politiques qui échouent, mais dissimule en coulisse des manipulations, des prises de profit et le brouillage de décisions qui relèvent en fait de l'exercise du jugement humain.

The concept of risk and modelling it (imagining possible outcomes with negative consequences) has a long history in social science and crisis management. Risk lies in the shadow between the known and the unknown. This article reflects discussions of low-probability, high-cost events such as those reflected in the conventional tactics associated with terrorism. Risks and fear of them are shaped extraordinarily by "big bang events" such as 9/11, and these shape imagined future deciding, prevention tactics, and organizational routines. Short-time crisis deciding is guided inordinately by "group effects," pressure for consensus, and action over cogitation, difference, and muddling through. The attraction of risk analysis to security matters is clear: It makes simple decisions that are not. It easily fits with the technological conceit that assumes electronic-computer-based surveillance, artifice, and models can reduce human judgement to questions easily answered by a computer with a database. It enables a front stage of statistical rational planning and execution of policies that fail but permit backstage manipulations, profit taking, and obfuscation of matters of human judgement.

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