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Reviewed by:
  • The Growth of la recherche du temps perdu. A Chronological Examination of Proust's Manuscripts from 1909 to 1914
  • Pascal Michelucci (bio)
Anthony R. Pugh , The Growth of À la recherche du temps perdu. A Chronological Examination of Proust's Manuscripts from 1909 to 1914. Volume I: 1900-1911; Volume II: 1911-1914; Toronto, Buffalo, London, University of Toronto Press, xxiv-376 p; xx-p. 377-825.

The Growth of À la recherche du temps perdu… retrace l'histoire « capricieuse » des premiers manuscrits du grand oeuvre proustien. C'est la culmination de vingt ans de travaux d'Anthony Pugh sur ce fonds d'archives, après des études de qualité sur les personnages réapparaissant chez Balzac (1974) et sur Pascal (1984). Dans son ultime ouvrage, Pugh poursuit à sa manière la « genèse » d'À la recherche… en visant l'émergence et l'agencement de la matière du roman - la colonne vertébrale des lieux, des personnages et des événements. Dans la variété de critique génétique qui est la sienne, il n'entre pas de fétichisme de la page manuscrite (à peine une reproduction, en couverture), non plus qu'une préoccupation démesurée de la présentation matérielle de l'écriture, ce qui n'interdit nullement une attention des plus scrupuleuses aux détails qui permettent d'identifier la succession logique des plans de l'écriture. The Growth… est d'une lecture informative, sinon incontournable, pour le proustien, quoiqu'on y trouve peu de grandes percées, et l'étude en deux épais volumes est sans doute appelée à devenir une étape dans toute étude des manuscrits de Proust, au point de justifier pour ceux et celles qui ne maîtriseraient pas bien l'anglais de consacrer néanmoins à la lecture de l'ouvrage tout le temps qu'elle leur prendra. L'ouvrage de Pugh est en fait la seule étude qui centralise aussi efficacement l'information sur le fonds manuscrit de Proust à la Bibliothèque nationale de France, tout en jetant un regard d'ensemble sur les cinq années principales de la rédaction du roman.

Les bornes chronologiques identifiées par le sous-titre méritent un commentaire. Pugh date à mai 1909, dans le Cahier 4, le lancement d'À la recherche…, du fait de l'apparition dans les manuscrits du canevas situationnel des « deux côtés », qui suscite le travail dans les cahiers ultérieurs et inspire à Proust un rythme d'écriture continu. La dé couverte de cette structure binaire marque une coupure avec la situation et le projet du Contre Sainte-Beuve, abandonné au printemps 1909, en faveur du rassemblement de plusieurs fragments existants qui sont fusionnés dans ce qui paraît être un autre projet. Dans les 150 premières pages de son étude, Pugh souligne ainsi une cohérence nouvellement trouvée, qui fait contrepoint à la rédaction de nouveaux morceaux - la fin du Temps retrouvé (le bal de têtes, Cahier 51) et le morceau sur l'adoration perpétuelle, des esquisses précises de Combray, Venise, Querqueville/Balbec et Doncières, de personnages, comme le clan Verdurin - et le retravail de passages existants, tels que la lanterne magique ou la lecture de Sand. Pugh poursuit [End Page 597] par la considération des documents de la mise au net manuelle de « Combray » (Cahiers 9-10) en octobre 1909, avec des améliorations stylistiques improvisées lors de la dictée. Proust y intercale notamment la scène des aubépines et lance l'exécution du côté de Méséglise. Ce premier mouvement de la croissance du texte culmine dans le « roman de 1909 », dactylographié en décembre 1909. Cette Recherche-là n'est encore qu'une suite de fragments, et va subir évidemment de profondes révisions (la scène de la biscotte/madeleine par exemple est reprise au moins cinq fois).

La seconde moitié du premier tome de Pugh se tourne ensuite vers le développement de nouveaux matériaux narratifs qui conduira au « roman de 1911 ». Cette étape intègre de nombreux nouveaux fragments sur l'art (Elstir, Bergotte) et accumule des idées pour donner une...

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