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  • Poésie
  • HéLène Marcotte (bio)

L'an passé, pour rendre compte;de la production poétique parue en 2003 au Québec, nous avions choisi de retenir les recueils qui nous paraissaient susceptibles de hanter le lecteur une fois la lecture terminée. Cette année, nous avons décidé de continuer dans la même voie, mais comme les coups de coeur ont été moins nombreux, nous avons aussi inclus certains recueils qui nous semblaient présenter un caractère novateur ou singulier.

D'autres recueils auraient bien évidemment pu figurer aux côtés de ceux que nous avons retenus, notamment celui de Claude Beausoleil, Lecture des éblouissements (Écrits des Forges/Éditions Phi/Le Castor Astral), avec lequel l'auteur a encore une fois remporté le Grand Prix du Festival International de la poésie, celui de Bertrand Laverdure, Rires (Éditions du Noroît), pour qui aime le mariage humour et poésie, celui de Philippe Haeck, L'école des ponts jaunes (l'Hexagone), dans lequel la voix du poète s'entremêle à celles, nombreuses, d'étudiants en création, ou encore celui de Pierre Ouellet, Zone franche. Liber asylum (Éditions du Noroît), un très beau recueil dont nous n'avons pu, pour diverses raisons, rendre compte. Mentionnons enfin que, par erreur, nous avons analysé le recueil Vers quelque (sommes nombreux à être seul) de Danny Plourde (l'Hexagone) l'an passé, avec la production poétique de 2003. Ce recueil est en fait paru en 2004 et aurait dû figurer dans l'article de cette année.

La Génération De L'hexagone Ou L'âge De La Parole

Deux recueils ont paru, en 2004, qui mettent ou remettent en circulation des textes de deux figures majeures de la poésie québécoise du vingtième siècle : Roland Giguère et Paul-Marie Lapointe. Le premier recueil, celui de Roland Giguère intitulé Cœur par cœur (l'Hexagone), voit le jour grâce au travail de la compagne de Giguère, Marthe Gonneville. Ce recueil post-hume, dont la première partie avait été établie par l'auteur, rassemble vingt-six poèmes écrits entre 1988 et 2003, inédits pour les uns, déjà publiés en revues pour les autres. Les textes, d'inégales valeurs, s'articulent principalement autour des thèmes de l'amour (« écris-moi je t'aime / comme on commence un poème / sans savoir où va la vie »), de l'amitié et de l'art. Il est difficile de se prononcer sur ces textes sans être influencé par la fin tragique de l'auteur, disparu en août 2003. Mais il faut le dire, en plus de nous permettre de renouer avec l'oeuvre de cet artiste, le recueil Cœur par cœur, même dans ses passages les plus faibles, ressuscite au détour d'un vers, d'un mot, d'un rythme, la voix reconnaissable entre toutes de Giguère : [End Page 504]

tu es parti un peucomme une couleur qui passetout en bas du tableauqui doucement s'assombritmais la signature jamais ne s'efface

Même mort, Roland Giguère reste ce poète remarquable dont « le coeur bat toujours entre mille feuilles ».

La rétrospective de Paul-Marie Lapointe, L'espace de vivre. Poèmes 1968-2002 (l'Hexagone), vient compléter une première rétrospective du poète, Le réel absolu (1948-1965),parue en 1971, ainsi que la somme imposante que constitue écRiturEs (1980). D'une rétrospective à l'autre, d'un recueil à l'autre, certaines constantes demeurent : pensons aux associations libres qui ouvrent les textes à une pluralité de sens, à l'importance des sonorités et à l'influence de la musique, à la force des images, etc. Chaque poème est une aventure dans laquelle le poète cède l'initiative aux mots :

Il faut jouer de tout. Liberté absolue. [...] Puis, dans la relation des phrases, d'autres mondes se créent. Ainsi sont mis à jour des poèmes, proses ou vers, de courts récits, un texte inépuisable où l'imaginaire infiniment se déploie. Chacune...

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