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Reviewed by:
  • Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse
  • Jelena Jovicic
Nodier, Charles. Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse. Édition établie et commentée par Georges Zaragoza. Paris: Champion, 2003. Pp. 182. ISBN2-7453-0679-0

De présentation élégante et soignée, ce volume est la première édition critique de la Promenade de Dieppe aux montagnes d'Écosse, texte important à bien des égards, mais qui n'avait pas été republié depuis son édition originale de 1821. Dans la solide intro-duction qui précède le texte de la Promenade, Georges Zaragoza fait un commentaire à la fois historique et littéraire, afin de situer ce récit de voyage dans une perspective [End Page 439] intertextuelle. C'est ainsi que le lecteur apprend, d'abord, que l'ouvrage de Nodier provient de la riche tradition des voyages en Écosse, pays qui était en vogue "pendant les trente dernières années du xviiie siècle et les vingt premières du xixe" (11). Les "ancêtres" génériques de la Promenade se trouvent déjà chez les voyageurs-écrivains qui, avant Nodier, avaient consacré un volume à l'Écosse, tels Thomas Pennant (1769), le Docteur Johnson (1775), John Knox (1786), Pierre Nicolas Chantreau (1792), Faujas de Saint-Fond (1797) et W. Gilpin (1797). Mais si la Promenade de Nodier est importante parce qu'elle renouvelle l'intérêt pour l'Écosse – et par là même, pour le genre du récit de voyage –, il ne faut pas oublier non plus son impact sur l'oeuvre postérieure de Nodier. Sur ce point, l'éditeur nous rappelle que deux des textes nodiéristes les plus connus "sont liés à la terre écossaise" (17): Trilby, ou le lutin d'Argail (publié en 1822, juste après sa visite de l'Écosse) et La Fée aux miettes.

Le plus grand mérite de cette édition consiste, sans aucun doute, en l'effort de reconstituer le texte de la Promenade aussi fidèlement que possible. Lors du voyage outre-Manche, Nodier tient son journal où il inscrit, au jour le jour, ses impressions et ses réflexions spontanées; la version imprimée de la Promenade cherche, par contre, à donner un aspect "plus composé," "plus cohérent," et par conséquent, moins intime que l'on ne le trouve dans le journal authentique (22). Or, la tâche la plus importante de l'éditeur a été de comparer l'avant-texte (c'est-à-dire, le journal de voyage qui est, de facto, le manuscrit de la Promenade) avec sa version imprimée. Pour mener à bien cette entreprise de restauration, le présent volume reproduit l'édition originale de 1821, citant "les variantes qui paraissaient les plus riches d'enseignement" (22) dans l'annotation en bas des pages. De cette façon, le lecteur peut reconstituer l'itinéraire de Nodier (remarquons, à ce titre, que la disposition des entrées diaristiques, qui correspond aux étapes de son déplacement géographique, diffère légèrement de l'ordre des chapitres dans la version publiée).

Écrite sur un ton flâneur, comme le suggère d'ailleurs le titre, la Promenade est une relation viatique d'allure détendue où Nodier, en bon touriste du xixe siècle, parcourt le trajet "de sept cents lieues" (24), à la recherche "des impressions et non des noms" (61). La première partie du texte est centrée sur sa visite en Angleterre. De Brighton à Newcastle, en passant par Londres, Greenwich, Richmond, Oxford et Durham, Nodier s'intéresse surtout à l'aspect culturel de l'Angleterre qu'il observe toujours avec une attitude comparatiste. Ce qui retient son regard curieux, ce sont autant les musées, les théâtres, les bibliothèques, les monuments (la cathédrale Saint Paul, la Tour de Londres, la chapelle du New-College, de nombreuses églises gothiques, entre autres) que les sites industriels affichant la modernité du pays (les Docks occupent, par exemple, tout un chapitre). La civilisation anglaise lui donne un bon prétexte pour débattre certains sujets d'actualité, telle la réflexion sur la nécessité de conserver...

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