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Reviewed by:
  • Dictionnaire de Stendhal
  • Lisa Algazi
Dictionnaire de Stendhal. Yves Ansel, Philippe Berthier, and Michael Nerlich, eds. Paris: Champion, 2003. Pp. 754. ISBN2-7453-0806-8

"J'ai un dictionnaire tout à part moi," dit Montaigne dans ses Essais. Selon les éditeurs du Dictionnaire de Stendhal, cette citation aurait aussi bien pu provenir de Henri Beyle dont le lexique original a étonné plus d'un lecteur. Le but de ce dictionnaire est de faire "le tour des questions essentielles" à l'étude de l'œuvre de Stendhal: "le lecteur saura tout (et même ce à quoi il ne songeait pas), tout sur Beyle. . . ." Tâche ambitieuse s'il en est, étant donné le nombre croissant d'articles et de livres consacrés à ce grand écrivain.

En rassemblant de nombreux spécialistes, européens pour la plupart, et en faisant le tri (sans doute difficile) des sujets, les éditeurs ont remarquablement bien réussi leur pari. Chaque article comprend une bibliographie de références ainsi qu'une liste de renvois précis aux œuvres stendhaliennes évoquant le sujet en question. L'article sur la [End Page 445] "cristallisation," par exemple, explique les définitions de ce mot données par Stendhal dans De l'amour et renvoie à plusieurs passages de cet essai ainsi qu'à quatre autres œuvres et à autant d'analyses critiques. L'article au sujet des "lunettes vertes" raconte une anecdote: Stendhal rejoint Métilde à Volterra malgré les souhaits contraires de celle-ci et met des lunettes vertes pour ne pas être reconnu. A propos de Madame Roland, on peut lire les passages où Stendhal parle d'elle ainsi qu'une brève analyse de son importance dans l'œuvre et la vie de l'auteur. L'article sur les "épigraphes" offre une explication détaillée des épigraphes dans les romans stendhaliens, y compris la question de leur véracité. Et l'on découvre les tricheries de notre héros dans l'article sur le "plagiat" qui cite P. Arbelet appelant Stendhal "un type tout à fait intéressant de pirate littéraire."

Les articles sur les œuvres elles-mêmes comportent des renseignements au sujet des éditions et des manuscrits originaux, une analyse de l'œuvre, un commentaire et une longue bibliographie critique. Elles offrent un résumé de l'intrigue et un aperçu concis des approches critiques, fournissant ainsi une aide précieuse à tous ceux qui voudraient mieux connaître l'univers stendhalien. Les débutants y trouveront tout ce dont ils auront besoin pour construire leur propre analyse des textes et les experts y puiseront une abondance d'informations peu connues et parfois étonnantes. Citons l'exemple de l'interrogation "n'est-ce que ça?," représentative de la désillusion des personnages romanesques stendhaliens. Yves Ansel révèle au lecteur qu'elle apparaît bien plus tôt, dans une lettre à Pauline Beyle en 1805. De même pour la citation célèbre comparant la politique dans un roman à "un coup de pistolet au milieu d'un concert": même ceux qui connaissaient déjà la formule pourront être surpris du nombre de fois qu'elle réapparaît et dans quels contextes.

Malgré l'évidente utilité de ce dictionnaire, on peut remarquer une lacune surp-renante, du moins du point de vue d'un stendhalien américain. D'une part, dans la préface, les éditeurs expriment leur volonté d'inclure les "stendhaliens de tous bords, sans aucun 'patriotisme d'antichambre' ni parti pris." D'autre part, autant dans la liste des collaborateurs que dans les bibliographies de chaque entrée, nous n'avons trouvé que bien peu de chercheurs américains. L'article sur le fiasco, par exemple, ne cite pas l'excellent livre de Margaret Waller sur l'impuissance dans le roman français du dix-neuvième siècle. Aucune mention du livre de James Day, Stendhal's Paper Mirror: Patterns of Self-Consciousness in His Novels (1990), ni de Maternal Fictions: Stendhal, Sand et Rachilde de Maryline Lukacher (1994). Même l'article sur l'Amér-ique ne cite aucune référence américaine. Croyant d'abord à un parti pris des éditeurs de n...

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