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University of Toronto Quarterly 74.1 (2004/2005) 133-138



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Bruno Roy, Écrire : consigner ma naissance. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 179 p.
Bruno Roy, Journal dérivé. I. La lecture. 1974-2000. Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents poche, 232 p., 16$
Claude Jasmin, À cœur de jour. Journal. Décembre 2001 à mars 2002. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2002, 410 p.
Claude Jasmin, Écrivain chassant aussi le bébé écureuil. Journal. Avril à août 2002. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 437 p., 29,95$
Claude Jasmin, La mort proche. Journal. Septembre à décembre 2002. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2004, 357 p.

Pourquoi et comment écrit un écrivain ? Voici la question à laquelle des auteurs du Québec sont invités à répondre dans la collection « Écrire » aux Éditions Trois-Pistoles. Bruno Roy, écrivain, enseignant, président de [End Page 133] l'Union des écrivains québécois (UNEQ) et président du Comité des orphelins institutionnalisés de Duplessis (COOID), accepte d'y répondre avec une générosité qui envoûte le lecteur. Dans ce livre, rempli de mots et de phrases qu'on se répète tout bas pour mieux se les approprier, Roy raconte son écriture comme il se raconte lui-même car, pour lui, l'acte d'écrire et celui de vivre sont indissociables. C'est, du moins, ce qui ressort de la lecture de ce parcours d'écrivain, divisé en quatre parties (« Depuis quand ? », « Pourquoi ? », « Comment » et « Maintenant ») que retrace Écrire : consigner ma naissance.

L'écriture, pour Bruno Roy, ne s'est pas imposée comme le lieu d'une facilité où, jeune orphelin, il pouvait se réfugier, rompre avec le monde et s'inventer une autre réalité. Au contraire, il a dû d'abord faire un travail acharné pour rattraper les retards culturels, intellectuels ou autres qu'il avait pris lors de son internement à l'hôpital psychiatrique où il fut placé avec d'autres enfants qu'on appelle aujourd'hui les orphelins de Duplessis. Malgré les différentes tentatives d'écriture faites à l'adolescence (dont un journal intime qu'il brûle au début des années 1960 en raison de la trop grande distance qu'il y trouve avec sa réalité), Roy ne parviendra à trouver sa voix que par la découverte d'un vers de Gaston Miron : « Un jour, j'aurai dit oui à ma naissance. » Voilà, tout était dit. Par l'écriture, Roy se mettrait au monde, se définirait, se raconterait.

Dans cette perspective, l'écriture ne représente pas une fuite. Roy dit écrire davantage « pour affronter, pour confronter, pour vérifier, pour affirmer : sans cesse et toujours ». En ce sens, il adhère entièrement au vécrire de Godbout : l'écriture sert d'abord et avant tout à combler les manques de son existence, à conserver tout ce qui est vivant en lui et à repousser la mort. C'est dans l'écriture, par exemple, que Roy a pu s'opposer à l'absence de sens qu'a été son enfance. Il écrit, dit-il, pour « tuer » l'anonymat imposé dans l'enfance. Avec l'écriture, commence donc l'existence. C'est le lieu d'une reconnaissance de soi, « le seul acte de liberté réelle. Voilà ce qui, dans l'écriture est révolutionnaire : être soi-même ».

Car le sens, pour l'auteur, est au centre de tout commencement. Qu'importe la forme, pourvu qu'il y...

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