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Reviewed by:
  • Gabrielle Roy aujourd’hui / today
  • Nicole Côté (bio)
Gabrielle Roy aujourd’hui / today, Gabrielle Roy aujourd’hui/today, s. la dir. de Paul Socken Saint-Boniface, Plaines, 212 p.

Dans le but de reprendre la mesure de l'écrivaine, 2003 marquant le 20eanniversaire de la mort de Gabrielle Roy, Paul Socken a invité des chercheurs [End Page 126] universitaires du Québec, de France, des États-Unis et de pays du Commonwealth à discuter de l'influence de Gabrielle Roy sur leur vie et leur travail en posant des questions qui serviraient de point de départ à leur réflexion. Le recueil se veut un « hommage bilingue bien mérité par l'écrivaine, dont la vie fut consacrée à la réconciliation, à la fraternité et au « cercle enfin uni des hommes » (Socken). Malgré l'hétérogénéité des contributions, liée au double projet — certaines proposent une critique d'œuvres de Roy, alors que d'aucunes s'attachent à retracer les résonances de l'œuvre de Roy dans leur vie personnelle ou décrivent une rencontre privilégiée avec l'auteure —, on lit ce recueil d'essais peu prétentieux avec le plaisir de qui écoute aux portes.

Dans le désordre, voici, malgré les immanquables redites qu'un tel projet suppose, quelques-unes des idées novatrices présentées par les auteur(e)s de ces essais. L'essai d'André Brochu, discutant du projet d'écriture de Roy, rappelle qu'être écrivain, à cette époque, c'était « percer un peu le mystère de la vie, des choses [...] et faire apparaître les lignes de forces du réel [...], celles de l'imaginaire aussi, qui en étaient les doubles précieux ». Sa relecture de Roy révèle en filigrane ce « projet d'assomption du réel à partir des réalités les plus modestes ». Sur la question centrale de la transfiguration de la pauvreté dans l'œuvre royenne, Patrick Coleman affirme ceci : « Perhaps Gabrielle Roy's greatest achievement was the immediacy with which she conveyed the experience of deprivation, whether economic, emotional, or imaginative. » Expérience qui semble se refléter dans la structure de l'œuvre, où même les images de consolation sont plus éloquentes par leur silence que par la complétude qu'elles symbolisent.

Pour François Paré, Roy revient hypnotiquement, tout au long de sa vie, à l'espace qui sépare son Manitoba natal du Québec de sa vie adulte : « la dérive de la narratrice l'amène à chercher sans cesse de nouveaux territoires par lesquels le passé révéré puisse être soumis à la promesse du présent ». Paré lie cet espace, toujours substitué à un autre qui en tient métonymiquement lieu, à la figure maternelle, porteuse d'espace malgré son confinement. Pour lui aussi, le fragment autobiographique chez Roy est l'occasion d'un discours animé par une profonde métaphysique du désespoir.

Cette dernière serait par moments rachetée par une rencontre. Alexandre Amprimoz développe l'idée que, dans La détresse et l'enchantement, le monde semble parsemé de bons Samaritains. L'auteure et narratrice propose la jeune fille qu'elle était comme une héroïne qui toucherait « même les cœurs les plus endurcis », idée qui met en relief un leitmotif d'oppositions où les membres de la famille se font distants, alors que les étrangers se comportent comme des proches. On voit ainsi la part de reconstruction de toute autobiographie. Le lecteur-confident devient d'ailleurs, par le pacte autobiographique, ce bon samaritain. [End Page 127]

Le très bel article que signe Lori Saint-Martin présente sur un mode élégiaque l'impact de l'œuvre de Roy sur la formation de cette femme et critique, puis discute les omissions traditionnelles de la critique royenne. Saint-Martin remet en effet les pendules à l'heure, un peu comme Mary Jean Green dans le même recueil, en arguant que la perspective universaliste dans laquelle on a lu l'œuvre royenne passait « entièrement sous silence son intérêt pourtant manifeste pour les femmes, le féminin et le f...

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