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Reviewed by:
  • Sexuation, espace, écriture. La littérature québécoise en transformation
  • Nicole Côté (bio)
Sexuation, espace, écriture. La littérature québécoise en transformation, s. la dir. de Louise Dupré, Jaap Lintvelt et Janet M. Paterson Québec, Éditions Nota bene, coll. Littérature(s), 2002, 487 p.

Les directeurs de cet ouvrage ont voulu combler un manque dans les études en littérature québécoise associant espace et sexuation en faisant valoir « l'importance du culturel dans les attitudes du sujet ». De tels essais, suggérant la part de créativité, d'agentivité qui reste à l'humain par le biais de reconstructions symboliques, de négociations des frontières des sexes et des espaces, me semblent d'autant plus importants dans un monde qui suggère, avec le développement des sciences cognitives, de la neurobiologie et de la génétique, un déterminisme qu'on pourrait qualifier d'obscurantiste s'il n'était scientifique.

Les spécialistes en études québécoises ici rassemblés se réclament d'approches variées et travaillent sur des corpus d'époques et de genres tout aussi hétérogènes, malgré une nette prédilection pour les corpus encore peu étudiés. L'interrogation sur le rapport à la spatialité tel que représenté chez les personnages masculins et féminins, qu'ils soient hétérosexuels, gais, lesbiens ou transsexuels, est structurée selon une série d'oppositions : espaces sauvages/espaces civilisés, haut/bas, lieux privés/publics, espaces ouverts/fermés. Le corps humain est aussi considéré comme un espace identitaire dans ses rapports avec l'altérité, tout comme le corps du texte.

Le recueil se divise en cinq parties, carrefours des préoccupations de ses auteurs : une permière partie explore les liens entre écriture, identité et sexuation; une seconde, entre gender et genres littéraires, peu discutée du côté francophone de l'Amérique; une troisième, entre espaces sauvages et civilisés; une quatrième, entre altérité, espaces et sexuation. La dernière partie étudie un corpus qui remet en question les frontières des sexes.

La première partie sonde donc le lien écriture, identité et sexuation dans des textes autobiographiques ou autofictifs. Louise Dupré y examine Entre raison et déraison, réflexion de Théorêt sur sa double appartenance d'écrivaine québécoise et femme, dans une perspective kristévienne que l'essai de France Théorêt semble appeler. Barbara Havercroft étudie, dans des essais autofictifs récents de Denise Desautels (Ce fauve, le bonheur) et de Paul Chanel Malenfant (Quoi, déjà la nuit ?), la relation entre deuil, sexuation et espaces clos/ouverts. S'y présente la nécessité vitale de compenser l'exploration du deuil au sein de l'espace intime, souvent perçu [End Page 81] comme étouffant, par celle d'espaces publics ou culturels, qu'ils soient actuels, remémorés ou fantasmés. On connaît l'écriture déconstructionniste de Nicole Brossard. Julie LeBlanc montre comment Journal intime ou voilà donc un manuscrit lie spatialité et sexuation en combinant la spécificité du genre du journal (où le temps se narrativise) et son contenu particulier (beaucoup d'entrées ressemblent ici à des micro-récits de voyage), établissant « des configurations sexuées susceptibles de façonner une image intégrale du sujet féminin ». L'espace du langage y est intégré à la représentation concrète et particulière des espaces. Mary Jean Green voit en La Québécoite de Régine Robin un moi féminin multiplié par les espaces urbains qu'elle traverse, une flâneuse benjaminienne créant « un espace mémoriel à la fois personnel et culturel ».

La seconde partie du recueil, « Gender et genres», se penche sur la nouvelle, le récit et le récit de science-fiction pour y déceler de nouveaux rapports sexués à l'espace. Gaëtan Brulotte découvre, dans son analyse de nouvellistes des deux sexes (Aude, Bertrand Bergeron, Jean-Pierre Girard, Élise Turcotte), une cartographie brouillée, où s'estompent les différences traditionnellement associées...

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