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University of Toronto Quarterly 74.1 (2004/2005) 140-142



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Paul Chanel Malenfant. Matériaux mixtes. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 179 p.
Christian Mistral, Origines. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 112 p., 18,95$

Dans la belle collection « Écrire » que dirige Victor-Lévy Beaulieu et où les écrivains québécois sont invités à réfléchir brièvement sur leur pratique, voici deux auteurs on ne peut plus différents l'un de l'autre, voire opposés, qui, chacun de son point de vue, jettent un regard intéressant sur l'écriture. Paul Chanel Malenfant, prix du Gouverneur Général 2001 section Poésie pour Des ombres portées, a choisi pour ses Matériaux mixtes la forme du journal intime pour parler en poète de sa vie à Rimouski et à Sainte-Luce-sur-mer, [End Page 140] de son quotidien, de son rapport au père, à la mère, aux autres, à la terre, au réel, au voyage. L'auteur excelle à évoquer les paysages fluviaux et maritimes de son coin de pays au gré des saisons. « L'écriture juste pour suivre le cours tranquille des choses. Le cours des eaux. Pour être là dans l'existence qui se déploie à perte de vue ». Mais ce programme paisible est perturbé par les nouvelles du monde qui lui parviennent. Comme il a écrit ces fragments de journal en 2001 et 2002, l'actualité internationale l'a forcément rattrapé et sollicité avec la violence au Moyen Orient et les événements du 11 septembre. À ces horreurs, le poète oppose la force de la poésie et la calme réflexivité de l'écriture, conductrices d'amour et de paix. Il en résulte un beau livre qui marie la profondeur du regard à la simplicité d'une écriture réduite à l'essentiel. L'ensemble rejoint sa conception de la poésie, laquelle consiste en une mise en perspective lyrique et réflexive de son histoire personnelle avec l'état du siècle.

La beauté sauvera le monde. Cette pensée de Dostoïevski à laquelle il croyait, comme tant d'artistes et d'écrivains avant le 11 septembre, ne lui semble plus viable au vu des insoutenables pulsions de mort qui animent les pouvoirs et contre-pouvoirs de la planète. « Jamais la beauté ne pourra tenir en une phrase », concède-t-il à la fin de son itinéraire. Voilà un livre qui donne envie de découvrir ou de relire l'œuvre du poète.

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Le romancier Christian Mistral dans Origines adopte, lui, une approche qui mélange la confession à la confrontation. À ses yeux « les écrivains sont de sales types en général ». Autodidacte, il se méfie des universitaires, mais il partage avec eux une passion pour la lecture: « [É]crire, c'est d'abord avoir lu ». L'écriture semble chez lui ne pas pouvoir se séparer de l'alcool ou de la drogue. Il avoue en avoir besoin pour lever ses propres inhibitions. « À jeun, j'écris comme un notaire », confesse-t-il. Il n'hésite pas à afficher dès le départ une conception romantique de l'écrivain, démuni et aliéné, conception quelque peu misérabiliste: « Pas un écrivain valable qui possède plus d'une paire de chaussures. » Si on ne le savait déjà, on découvrira un auteur rongé par l'écriture et qui en a fait la passion unique et dévorante de sa vie, la choisissant au détriment de tout le reste, y compris les études. Sur le tard, il découvre qu'il n'y a pas que l'écriture dans la vie d'un écrivain. « Je crois furieusement que personne n'est sur...

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