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Francophonies d'Amerique 18.1 (2004) 149-155



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l'Association des communautés francophones de l'Ontariode Toronto:

de la Chanson à l'action

Association des communautés francophones de l'Ontario de Toronto

À seize ans durant la fête de mon anniversaire, mon grand-père maternel, alors âgé de quatre-vingt-dix ans, m'a pris à part et m'a dit: «Maintenant que tu es un homme, il est temps que tu connaisses l'histoire de tes ancêtres». Il m'a raconté l'arrivée de notre premier ancêtre en Nouvelle-France, la déportation de mon ancêtre Bergeron en 1755, l'engagement de mon arrière-arrière-grand-père dans la rébellion des Patriotes, la lutte scolaire de mon arrière-grand-père dans les cantons de l'Est et la fuite vers les États-Unis de mon grand-père pour éviter la conscription durant la Première Guerre mondiale, sa découverte de New York et des années folles. Cette rencontre m'a marqué pour la vie, et j'ai compris que chaque génération a une obligation envers la suivante et que les privilèges dont je profite aujourd'hui sont le résultat de l'action des générations qui m'ont précédé.

J'aimerais dans le présent article vous présenter les changements que nous avons apportés à l'Association des communautés francophones de l'Ontario de Toronto (acfo-to) et les motivations qui soutiennent notre démarche, démarche qui suit mon parcours en Ontario.

Ayant commencé, en 1997, mon doctorat en sociologie de l'éducation et de l'équité sociale à l'Institut de recherches pédagogiques de l'Ontario de l'Université de Toronto, j'ai rapidement participé aux activités du Centre de recherche en éducation franco-ontarienne (crefo). J'ai eu la chance de travailler avec Monica Heller, Normand Labrie, Diane Farmer et Diane Gérin-Lajoie sur plusieurs projets de recherche dont le plus important le projet «prise de parole», auquel ont collaboré des personnes provenant de Toronto, de Moncton, de Francfort et de Montpellier. Durant ces années de formation, j'ai appris les notions d'analyse de discours, d'hégémonie discursive, de violence symbolique, bref les différents cadres théoriques sur lesquels était fondée cette importante recherche ethnométhodologique sur la construction identitaire des francophones en situation minoritaire en Ontario et en Acadie.

Selon les résultats de cette recherche, trois discours sont présents dans les communautés francophones en situation minoritaire: le discours traditionnel, le discours modernisant et le discours mondialisant.

Le premier discours, le discours traditionnel, se caractérise par un discours dominé par l'élite dite traditionnelle: les professions libérales, le clergé et la petite bourgeoisie marchande. Les valeurs véhiculées sont l'attachement à la terre, la survie de la langue française et la pratique de la religion catholique. Par ailleurs, afin d'assurer sa survie, la communauté francophone doit se séparer de la communauté anglophone. Cette séparation se fait en «démonisant» le capitalisme, les syndicats socialistes et le monde urbain. Ce discours manichéiste vise à assurer la survie de la race canadienne-française par la revanche des berceaux, la piété et le dédain de l'enrichissement. [End Page 149]

Le second discours, le discours modernisant, s'inscrit dans la période d'affirmation nationale des Canadiens français du Québec. Ce discours se construit autour de l'obtention de droits linguistiques ou du respect des droits linguistiques des Canadiens français par la voie des tribunaux ou la voie législative et de l'intervention du gouvernement fédéral pour mettre en place les institutions de langue française à l'extérieur du Québec. Cependant avec l'arrivée au pouvoir des libé...

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