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Francophonies d'Amerique 18.1 (2004) 63-76



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Le leadership éducationnel en milieu francophone minoritaire:

Un regard inédit sur une réalité méconnue

Université de Moncton
Université Laval
Université Laval
Université d'Ottawa

En août 1999, la revue National Geographic publiait un article sur la situation précaire du patrimoine linguistique et culturel mondial (Davis, 1999). Chercheur en ethnobotanique à l'Université Harvard, l'auteur de l'article y brosse un tableau de la disparition, chaque année, de dizaines de langues autochtones et compare ce phénomène à celui de l'extinction d'espèces végétales et animales. Selon lui, tout comme l'appauvrissement de la biodiversité naturelle constitue un danger pour la biosphère, l'appauvrissement de la diversité linguistique dans le monde représente une menace pour l'humanité. À son avis, la disparition d'une langue entraîne en fait la désagrégation progressive de la philosophie et de la weltanschauung du groupe concerné. Toujours selon Davis, la disparition de langues, et donc de cultures, provoquerait l'appauvrissement de la diversité du patrimoine culturel universel et entraînerait la construction d'un système culturel mondial de plus en plus homogène et réducteur, potentiellement générateur d'intolérance et de totalitarisme. En fait, selon Davis, la diversité linguistique et culturelle empêche l'humanité de porter des œillères réductrices, car elle élargit le regard que celle-ci porte sur le monde.

D'autres auteurs tels que Heller (2002) et Haugen (cité dans Boudreau et al., 2002) soutiennent que l'écologie des langues ne vise pas la défense de la biodiversité puisqu'une langue n'est pas un organisme vivant mais un moyen de communication. À ce sujet, Malherbe (1983) interprète le phénomène de la naissance et de la disparition d'une langue en l'associant au rôle que joue le peuple qui la parle sur les plans politique, économique ou religieux. Selon lui, cette interprétation explique l'évolution et le déclin de certaines langues telles que le latin, l'égyptien ou le babylonien. Pour sa part, Heller insiste sur l'importance d'analyser les rapports de pouvoir, les changements sociaux et idéologiques qui influent sur les pratiques linguistiques. On constate donc qu'aux yeux de Heller, la langue est une pratique exposée aux rapports de force tandis qu'aux yeux de Davis (1999), elle est une réalité vivante, sensible aux polluants de la vie moderne. Mais quelle que soit la position que l'on adopte à ce sujet, il demeure que la problématique de la disparition des langues a entraîné le développement du droit linguistique, ce qui inclut le droit à l'éducation dans la langue de la minorité (Foucher, 2002; Landry et Rousselle, 2003).

Ces observations nous portent à réfléchir sur la situation du français au Canada et sur le rôle que joue l'école dans la transmission de cette langue en milieu minoritaire. Dans le présent article, nous abordons la question du sens donné au leadership éducationnel dans les écoles en milieu francophone minoritaire. En nous basant sur la littérature scientifique existante, nous décrivons tout d'abord le rôle que joue l'école dans [End Page 63] le maintien d'une langue et d'une culture minoritaires ainsi que l'influence des directions d'école sur la mission de l'école, ce qui permet d'énoncer les questions de recherche. Deuxièmement, nous présentons les principaux modèles théoriques du leadership en éducation en indiquant leurs effets possibles sur la réussite de l'école francophone minoritaire. Suivent la présentation de la démarche méthodologique empruntée et des résultats obtenus au cours de la première...

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