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  • Les différentes facettes identitaires des élèves âgés de 16 ans et plus inscrits dans les écoles de langue française de l'Ontario
  • Georges Duquette

Traditionnellement, des pays comme la France, l'Angleterre et l'Allemagne ne reconnaissent que l'identité nationale. Sur le plan social, il n'y a qu'un groupe avec lequel les individus peuvent s'associer, et leur identité ethnique - tout comme leur identité ethnolinguistique - est la même que leur identité nationale, puisqu'on n'y préconise qu'une langue et une culture. Les citoyens de ces pays sont Français, Anglais, Allemands. La Suisse, cependant, fait exception à cette règle. En proposant l'unité nationale dans la diversité, elle s'est ouverte à l'hétérogénéité. La Suisse affiche aussi une identité nationale, mais chacun des quatre groupes ethniques qui la composent,c'est-à-dire les Allemands, les Français, les Italiens et les Romanches, a la gestion du territoire qu'il occupe. Les référents identitaires deviennent alors plus complexes. Chez un même individu, l'identité nationale coexiste avec une identité ethnique ou ethnolinguistique différente (Office fédéral de la statistique, 1997).

Le Canada, en réaction à la montée du souverainisme au Québec à la fin des années 1960, a choisi de reconnaître la langue et la culture des deux peuples fondateurs et tenté de créer des ponts et de l'harmonie entre eux (Le rapport de la Commission royal d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Laurendeau et Davidson, 1967; Charte des droits et libertés, 1987). En effet, pour de nombreuses personnes au Québec, l'identité provinciale québécoise était devenue aussi forte, sinon plus forte, que l'identité nationale canadienne. Le Canada, comme la Suisse, a donc encouragé les Québécois à vivre leur identité ethnique et ethnolinguistique à l'échelle provinciale tout en préservant leur identité nationale. La vision du premier ministre de l'époque, Pierre Elliott Trudeau, était d'inciter les divers groupes minoritaires d'un bout à l'autre du pays à adopter une ligne de conduite semblable. En Acadie, particulièrement au Nouveau-Brunswick, on affichait publiquement l'identité acadienne avec l'identité canadienne. Ailleurs au Canada, étant donné le faible poids démographique des francophones dans des provinces surtout anglophones (Landry et Rousselle, 2003), les réactions ont été différentes. Comme ce fut le cas dans d'autres provinces, l'élite de l'Ontario français a décidé de remplacer l'identité canadienne-française par une identité francophone provinciale: l'identité franco-ontarienne. Si de tels changements dans les diverses facettes identitaires sont d'un intérêt certain pour les politiciens, les historiens, les sociologues, etc., il est permis de se demander quelles en sont les répercussions dans la vie des jeunes des milieux francophones minoritaires. Dans cette optique, la présente étude vise à connaître l'importance accordée par les élèves qui fréquentent les écoles secondaires de langue française de l'Ontario à l'identité nationale et à diverses autres composantes de leur identité sociale. [End Page 77]

Définitions de l'identité et de ses différentes facettes

Selon Erikson (1980), l'identité répond à la question «qui suis-je?». La réponse à cette question n'est toutefois pas simple. Il existe différentes identités possibles. D'abord, l'identité personnelle ou individuelle est le résultat de l'héritage familial et des expériences vécues par l'individu. Elle se révèle sur le plan de l'image de soi et de ses compétences. Cette identité, non visée spécifiquement par la présente étude, constitue le noyau auquel se greffe ultimement une identité sociale (Campeau, Sirois, Rheault et Dufort, 1998: 95). Celle-ci est multidimensionnelle et se développe chez l'individu qui se compare aux divers groupes sociaux qui l'entourent et qui adopte un certain nombre des caractéristiques distinctives de ceux-ci.

Étant donné la diversité des identités sociales, Duchesne (2004) propose un regroupement en trois catégories. Tout d'abord, il y aurait des identités dites...

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