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Francophonies d'Amerique 18.1 (2004) 127-147



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«Fier de qui on est... Nous sommes francophones!» l'identitÉ des jeunes aux jeux franco-ontariens

Université d'Ottawa

Depuis 1994 les Jeux franco-ontariens attirent annuellement jusqu'à huit cents élèves des écoles secondaires françaises de l'Ontario. Cet événement de grande envergure, véritablement conçu et dirigé par et pour les jeunes, comprend six volets d'activités (sports, arts visuels, musique, amuseur public, improvisation et quizz franco-ontarien) et se rapproche ainsi d'un festival jeunesse. La Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO)1 a créé ces jeux multidisciplinaires afin d'aider ses membres à relever quatre défis auxquels ils font face: appuyer leur quête d'identité en créant des modèles de réussite; surmonter la dévalorisation associée au fait minoritaire et à la réputation négative de la jeunesse; vaincre l'assimilation et nourrir l'éveil culturel; les sortir de la désillusion et bâtir des ponts avec la communauté franco-ontarienne (FESFO, (s.d.a); FESFO/E1, 2001). À cet effet, l'organisme jeunesse a fait preuve d'innovation afin d'élaborer une formule qui mise sur la performance, la coopération et la fierté. Cette stratégie favorise le développement des talents des adolescents et les invite à se produire sur scène dans un contexte qui facilite les rencontres et les échanges avec d'autres jeunes francophones des quatre coins de la province (FESFO, (s.d.b)). Cette créativité a porté ses fruits, et l'ambiance qui règne durant cette fin de semaine en est une de célébration de la jeunesse et de fierté franco-ontarienne.

Les Jeux franco-ontariens (JFO) constituent ainsi un lieu de production de l'identité francophone et deviennent, par conséquent, pour la chercheure un endroit tout à fait approprié pour étudier les manifestations de cette appartenance chez les jeunes minoritaires. En effet, l'étude ethnographique menée lors de leur huitième édition tenue à Windsor, en mai 2001, permet de mieux comprendre les identités francophones de ceux qui ont pris part à ces jeux2 . Le but du présent article est d'approfondir comment les participants3 conçoivent leur identité francophone et comment ils décrivent la communauté franco-ontarienne4 . L'analyse s'inspire des travaux de Michel Foucault (1976, 1983, 1984) et présume que les identités francophones sont le produit des discours qui accordent un sens identitaire à la pratique du français et au rapport à cette langue. La théorie du discours offre les outils théoriques pour examiner comment les façons de penser et de parler ainsi que les façons d'agir contribuent à la construction sociale de l'identité. En fait, elle permet de comprendre comment les comportements linguistiques et les autres pratiques symboliques produisent l'appartenance et permettent d'exprimer sur la place publique les rapports sociaux qui constituent la communauté. Ainsi, les discours qui définissent le «francophone5 », selon les liens à langue française, deviennent les ressources par lesquelles les parlants français accordent un sens identitaire à la langue et se reconnaissent ou non en tant que francophones. Par ailleurs, la notion de performativité telle que l'a élaborée Judith Butler (1990, 1991, 1993) dans son adaptation féministe de la théorie du discours permet de comprendre [End Page 127] que le parlant français s'identifie comme francophone parce qu'il exécute des pratiques associées à l'appartenance francophone. C'est parce que l'identité est une performance, produite en fonction de la fréquence et de la régularité de la répétition de ces pratiques, qu'elle est dynamique, variable et qu'elle peut être forte ou faible.

L'article porte ainsi sur les énoncé...

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