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French Forum 26.1 (2001) 109-111



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Book Review

The Gendered Lyric.
Subjectivity and Difference in Nineteenth-Century French Poetry


Gretchen Schultz. The Gendered Lyric. Subjectivity and Difference in Nineteenth-Century French Poetry. West Lafayette: Purdue University Press, 1999. 334 PP.

Citant les contributions inestimables de Joan DeJean, Nancy K. Miller et Naomi Schor dans le domaine du roman français, Gretchen Schultz déplore qu’aucune étude ne se soit penchée, à ce jour, sur les questions de genre dans la poésie française. Elle se propose donc de remédier à ce manque par une réflexion sur le jeu de la féminité et de la différence sexuelle dans l’élaboration du sujet poétique. Elle dresse pour cela en trois parties un vaste panorama de la poésie française du XIXème siècle, synthétisant les caractéristiques des trois écoles principales (Romantisme, Parnasse et Symbolisme) et de leurs maîtres tout en intégrant la poésie des femmes de cette époque, généralement laissées dans l’ombre.

L’introduction procède à une contextualisation historique et géographique du problème de la différence sexuelle dans l’écriture poétique française [End Page 109] du XIXème siècle. C’est en s’appuyant très justement sur la situation socio-économique et culturelle de la femme-auteur au XIXème siècle qu’elle rappelle le statut de la femme-objet dans la tradition française et l’hégémonie masculine en matière de création littéraire en France. C’est également là que Gretchen Schultz expose le cadre théorique de son étude: une approche interdisciplinaire particulièrement riche, alliant critique féministe, déconstruction, linguistique, narratologie et poétique; apparat critique qui irriguera de manière subtile, dans la suite de son ouvrage, une lecture détaillée donnant toute leur place aux textes et aux voix qui s’y manifestent.

La première partie ("Romanticism’s Genders"), composée de deux chapitres, relève ce qui, dans la poésie romantique en tant que discours sentimental du moi, permet la construction d’un sujet fémininisé. Prenant Germaine de Staël comme point de départ du mouvement romantique, Gretchen Schultz retrouve chez les poètes canoniques (Lamartine, Vigny, Hugo, Musset) cette poétique de la spontanéité et de l’effusion sentimentale énoncée par une femme et porteuse d’une réelle féminité. Dans le deuxième chapitre, elle traite le cas de Marceline Desbordes-Valmore expliquant le succès qu’elle eut de son vivant par la compatibilité de la féminité avec l’esthétique romantique.

La deuxième partie de l’ouvrage ("Parnassian Impassivity and Frozen Femininity"), analyse la réaction du Parnasse contre la mollesse des Romantiques et fait ressortir les principaux éléments d’un regain de virilité dans l’écriture de Leconte de Lisle: aspect formel et rigidité des moyens d’expression, métaphores de la dureté, répudiation de la subjectivité et des sentiments (Chapitre 3). A partir de la poésie de Théophile Gautier, le quatrième chapitre présente les procédés précis qui tendent à figer la féminité dans la poésie parnassienne. Ainsi est-il question de la résurrection du sonnet et de la forme figée, de l’exploitation de la métaphore de la sculpture dans la représentation de la femme et de l’immobilisation de la sexualité. Le cinquième chapitre est consacré aux Parnassiennes avec un traitement spécial réservé à trois d’entre elles: Louise Colet, Nina de Villard et Léocadie Penquer, et à leurs façons particulières d’intégrer le mouvement soit par appropriation des règles, soit par dénégation et parodie.

Les deux derniers chapitres constituent la troisième partie axée autour du Symbolisme ("Symbolist Fluidity"). Il y est question de Baudelaire et de sa définition capitale du poète moderne envisagée par le biais...

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