Pascal Quignard ou le fonds du monde

JL Pautrot - Pascal Quignard ou le fonds du monde, 2007 - brill.com
JL Pautrot
Pascal Quignard ou le fonds du monde, 2007brill.com
L'œuvre de Pascal Quignard mérite attention. Cet ouvrage se propose de la présenter dans
ses grands traits, de suggérer ses parentés, et de souligner, en ce début de millénaire, sa
pertinence. Quignard écrit depuis plus de trente-cinq ans. Il a publié jusqu'ici plus de
quarante-cinq livres. Ses romans Le Salon du Wurtemberg (1986) et Tous les matins du
monde (1991) avaient déjà connu un succès critique et public. Celui-ci n'a fait que croître.
Depuis 2000, les prix littéraires successifs, en particulier le Goncourt 2002, ont aidé à …
L’œuvre de Pascal Quignard mérite attention. Cet ouvrage se propose de la présenter dans ses grands traits, de suggérer ses parentés, et de souligner, en ce début de millénaire, sa pertinence. Quignard écrit depuis plus de trente-cinq ans. Il a publié jusqu’ici plus de quarante-cinq livres. Ses romans Le Salon du Wurtemberg (1986) et Tous les matins du monde (1991) avaient déjà connu un succès critique et public. Celui-ci n’a fait que croître. Depuis 2000, les prix littéraires successifs, en particulier le Goncourt 2002, ont aidé à révéler l’ensemble quignardien; le Goncourt pour un livre, Les Ombres errantes, qui défie les genres littéraires conventionnels. D’autre part, colloques et études de plus en plus nombreuses témoignent de l’intérêt que l’université porte désormais à Quignard. Il est, avec Pierre Michon et Jean Échenoz, parmi les auteurs vivants les plus étudiés en France (Desplanques: 8). Parler d’“œuvre”, c’est reconnaître son ampleur et son visage singuliers. Pour les gestes complexes qui s’y livrent, pour la vaste régurgitation culturelle qu’elle organise, pour le remuement des formes qui s’y opère, pour le ton et le style uniques, c’est bien d’une œuvre qu’il s’ agit.
Parler d’“œuvre”, c’est aussi faire entrer l’auteur au sein d’une élite qui donne son sens à la tradition littéraire et qui, en France, domine encore la culture. William Cloonan, s’ interrogeant sur la disparition du “Grand Écrivain”, tel que Proust, Sartre, Camus, ou Duras ont pu l’incarner, avançait que seul Quignard semble vouloir endosser le manteau de ses illustres prédécesseurs (38). Certes, ils sont rares aujourd’hui, ceux qui possèdent l’érudition et le besoin de s’ affronter à plusieurs époques et civilisations, pour forger une écriture neuve.
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