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Reviewed by:
  • Reforming Urban Labor. Routes to the City, Roots in the Country by Janet L. Polasky
  • Muriel Cohen
Janet L. Polasky . - Reforming Urban Labor. Routes to the City, Roots in the Country. Ithaca, Cornell University Press, 2010, 264 pages.

La politique du logement des ouvriers est une thématique centrale de l'histoire urbaine et de nombreuses études lui ont déjà été consacrées, portant notamment sur le début du XXe siècle et l'entre-deux-guerres en Europe2. Dans son ouvrage, Janet Polasky, professeur à l'université du New Hampshire (États-Unis), spécialiste de la Belgique, propose une comparaison originale entre les politiques du logement ouvrier menées à Londres et Bruxelles entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale3.

Contrairement à ce que suggère le jeu de mot intraduisible du sous-titre et le beau dessin de couverture du caricaturiste Tim, il n'est pas tant question dans ce livre d'exode rural que des politiques visant, dans le cas belge, à fixer les paysans dans les campagnes tout en leur permettant de travailler en ville et, dans le cas anglais, à déloger les ouvriers qualifiés du centre taudifié de Londres pour les reloger dans les banlieues environnantes. Dans les deux pays, comme ailleurs, les élites sociales et politiques considèrent en effet qu'il est nécessaire de lutter contre la concentration des ouvriers dans les centres urbains, au nom de la santé publique, de la morale familiale et surtout du risque d'émeutes sociales et politiques. Ces politiques n'ont pas été menées de la même façon à Londres et à Bruxelles et l'un des mérites de cet ouvrage est de comparer des politiques urbaines municipales à l'échelle européenne ainsi que de rendre compte de l'articulation entre les enjeux locaux et nationaux.

Au-delà de la démarche comparative, le principal intérêt de cette recherche est de croiser la problématique de la politique d'amélioration du logement ouvrier initiée par le courant réformateur à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle et celle de la politique de transport des ouvriers de leurs lieux de résidence à leurs lieux de travail. On peut cependant regretter que l'introduction ne s'attarde pas davantage sur les différences de contexte politique, culturel et social entre les pays étudiés, notamment au point de vue de l'urbanisation et de la place des ouvriers dans ces sociétés. De façon générale, cet ouvrage très spécialisé manque parfois de données de contextualisation. Au cours de la démonstration, les données numériques manquent parfois [End Page 102] pour évaluer l'ampleur des phénomènes décrits (proportion de la main-d'œuvre ouvrière féminine, par exemple). Passer en permanence de l'Angleterre à la Belgique au sein de chaque sous-partie sans avoir séparé les deux modèles rend la lecture parfois fastidieuse et les nombreuses références au discours « urbaphobique » - récemment étudié dans un colloque dirigé par Florence Bourillon et Arnaud Baubérot - des élites politiques britanniques et belges auraient gagné à être rassemblées dans un chapitre. Les illustrations sont nombreuses : photographies, gravures ou plan de maisons, graphiques et cartes égaient la lecture. L'index est très précis.

Dans le premier chapitre, consacré au surpeuplement des capitales anglaise et belge, l'auteure s'appuie sur de nombreux rapports pour faire une description minutieuse de l'état du logement des ouvriers dans le centre londonien. Le deuxième chapitre porte sur le projet élaboré par les réformateurs concernant le logement des ouvriers entre les années 1880 et la Première Guerre mondiale. Jusqu'aux années 1880, le logement ouvrier est pris en charge en Angleterre par la philanthropie - trente mille familles bénéficient de son action en trente ans -, tandis que la Belgique fait peser la responsabilité du logement ouvrier sur les employeurs. Dans tous les cas, la loi du marché prévaut et les réformateurs peinent à imposer leurs analyses en dehors des questions...

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