In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Exhibiting the Monster: Nicolas-François and Geneviève Regnault’s Les Ecarts de la Nature
  • Andrew Curran and Patrick Graille

In the foreword to Les Ecarts de la Nature (1775), 1 Nicolas-François and Geneviève Regnault 2 reveal some, if not all, of the artistic and philosophical concerns that prompted them to create the most striking representation of monstrosity during the eighteenth century:

S’il se trouve peu d’auteurs empressés à répandre la clarté sur cette partie de l’histoire naturelle, il est aisé d’en sentir la raison: la nature s’écarte si peu de l’uniformité admirable de sa marche, que les productions monstrueuses sont rares; le concours des curieux disperse les objets, de sorte qu’on ne les rencontre qu’épars ça et là dans les cabinets: de plus, les soins continuels qu’exige leur conservation, occasionnent une destruction qui augmente leur rareté; de là suit nécessairement la difficulté de réunir en un corps d’ouvrage, non seulement par les voyages qu’une pareille entreprise rend indispensable, mais encore parce que le soin de recueillir les objets, ne peut être confié qu’à des mains sûres et habiles: aussi croit-on pouvoir avancer qu’il fallait que le hasard fit rencontrer le peintre et l’amateur d’histoire naturelle, pour rendre ces objets d’une manière satisfaisante.

La carrière que les auteurs ont parcourue dans La Botanique, dont le succès leur a valu du public un accueil qui a passé leurs espérances, a fait naître à plusieurs naturalistes le désir de les voir réunis, sous un même point de vue, et ce que les cabinets renferment, et ce que la nature produit journellement de plus bizarre: leurs obligeantes sollicitations, et le plaisir de faire un ouvrage aussi propre à étendre les connaissances utiles, ont déterminé les auteurs à vaincre les peines et les dégoûts qui accompagnent un ouvrage de cette nature.

Les monstruosités les plus caractérisées formeront cette collection, et l’on n’y rencontrera point de ces monstres merveilleux, enfants de l’imagination, que l’ignorance adopte et que la crédulité propage. Chaque objet est marqué du coin de la vérité, et l’on cite, au bas des planches, les sources où l’on a puisé, comme les cabinets ou autres, de manière que chacun pourra s’assurer de l’existence des sujets.

On a cherché dans cet ouvrage, à effacer les rides imprimées par le temps; et les monstres sont représentés, non dans l’état où les a réduits la vétusté, mais dans celui où la nature les a produits; par ce moyen, on a sauvé le hideux qui rebute souvent dans les objets les mieux conservés.

Une notice simple aidera à développer les particularités de la monstruosité de chaque objet. On ne s’est point proposé dans cet ouvrage de remonter aux causes; les vues de l’artiste ne tendent qu’à rendre les [End Page 16] effets: c’est la tâche du philosophe d’interroger la nature sur les raisons qui l’écartent de sa route. Le pour et le contre occupent les savants depuis des siècles; il était réservé au nôtre, et à l’illustre M. de Buffon qui l’honore, de décider la question.

Les curieux qui ont des monstruosités rares et sûres, sont invités à enrichir cet ouvrage: pour cet effet, ils sont priés de les communiquer aux auteurs, et, si l’éloignement des lieux y mettait obstacle, de leur en donner avis.

La manière précieuse dont les planches sont exécutées, les rend aussi propres à figurer dans un cabinet, montées sous verre, qu’à enrichir une bibliothèque, étant reliées. On ne s’étendra point sur le mérite de l’exécution; à la manière dont l’un de ces auteurs (Mme Regnault) a traité les planches de la botanique, qui est dans les mains de presque tous les curieux, annonce ce qu’on peut attendre de leurs talents réunis; et la confiance qu’ils ont méritée par...

Share