Abstract

Dans Lupo Liverani, adaptation du Damné pour doute de Tirso de Molina, George Sand livre aux lecteurs de la Revue des Deux Mondes son testament théosophique tout en se permettant des audaces dramaturgiques, esthétiques, religieuses et philosophiques. C’est la première fois que Sand écrit une pièce à thèse religieuse, et elle n’a pas l’intention de la faire représenter. Elle écrit donc un « spectacle dans un fauteuil » qui est publié dans la Revue des Deux Mondes le 1er décembre 1869. George Sand n’a jamais manqué une occasion d’exprimer son anti-cléricalisme, son rejet du catholicisme, de la confession, et de l’enfer, et d’affirmer de plus en plus sa foi dans une théosophie où aucun intermédiaire n’existe entre l’homme et Dieu ou entre « le ciel et l’homme » comme elle le dit dans sa préface de Lupo Liverani (515). Masson analysera la pièce de Sand par rapport aux idées articulées dans l’article, « Théosophie et philosophie », paru dans La Presse du premier août 1863, dans lequel Sand évoque « ce rapport à Dieu, qui constitue à lui seul […] une théosophie sérieuse » (299). Elle déclare : « Si l’accord des quatre termes qui, selon nous, constituent l’homme complet : morale et liberté, philosophie et théosophie, est à jamais impossible, associonsnous dans l’universelle tolérance » (300) et termine son article par l’affirmation : « Que d’autres condamnent à l’enfer ceux qui croient au néant. Nous qui ne croyons ni à l’un ni à l’autre, estimons avant tout le dévouement courageux. […] Nous sommes bien d’accord sur ce point que l’existence du mal n’est pas absolue » (302). Cet article, qui nous livre son point de vue sur l’enfer et dans lequel elle y commente le livre d’Edmond About, Madelon, révèle que ce qu’elle a apprécié dans le roman d’About, c’est « le ton amèrement léger du narrateur [qui] donne à cette révélation une force d’amusement […] qui en décuple l’effet » (296). Masson montre la façon dont Sand, comme About, fait passer des idées critiques sur la religion de façon subversive en amusant le lecteur et en utilisant l’ironie dans sa pièce Lupo Liverani.

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