Abstract

Si Marjane Satrapi a inscrit ses propres ambivalences dans ses romans graphiques, Persepolis, Broderies et Poulet aux prunes, elle s'est aussi assurée de dégonfler tout réductionnisme facile, en particulier grâce à l'humour. Ce dernier présente des femmes et la voix auctoriale non seulement dans le dialogue et la langue utilisés mais aussi dans le graphisme, révélant un investissement émotionnel certain, en particulier, vis-à-vis du corps. Cet humour à la Satrapi refuse toutes formes de normalisation et toutes certitudes dans un jeu de dissonances où la vérité est toujours ailleurs, si bien que ses textes s'imposent à nous comme bien plus qu'un simple témoignage dans le temps ou dans l'espace étroit d'un pays ou d'une civilisation, bien plus qu'une autobiographie ou que l'histoire d'un grand-oncle. Dans l'aventure du texte et du dessin, les lignes noires et blanches définissent aussi une esthétique de l'écart et de la proximité du masculin et du féminin et de l'identité en général.

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