Abstract

Cet article examine comment le « photojournal », qu’Annie Ernaux a choisi de faire figurer en tête de son recueil Écrire la vie (2011), a complexifié l’usage de la photo que l’écrivaine a fait dans son œuvre. Un dialogue s’établit en effet entre ces photos (visuelles) et les photos en prose déjà « connotées » – pour reprendre le terme de Barthes – dans d’autres textes. Avec le photojournal, Ernaux élargit son écriture autobiographique et représente le « Temps écrasé » barthésien. Puisqu’elle considère cette entreprise « phototextuelle » comme « [u]ne façon d’ouvrir un espace autobiographique différent » (Écrire 8), nous offrons, pour la qualifier, le terme de ph-auto-bio-graphie pour lequel nous proposons en outre un pacte de lecture. Si photographie et autobiographie se marient ici comme dans la « photobiographie » de Gilles Mora, la ph-auto-biographie diffère de celle-ci dans la mesure où la pratique ernalienne a une visée et une portée universelles. Il s’agit bien par les photos d’écrire la vie, et non juste sa vie.

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