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Reviewed by:
  • Appartenances. Essai en pièces détachées by Jean-Louis Major
  • Michel Lord (bio)
Jean-Louis Major, Appartenances. Essai en pièces détachées, Ottawa, David, 2010, 303 p.

Le sous-titre du quatorzième ouvrage de Jean-Louis Major, « en pièces détachées », rend compte fidèlement de la forme du propos. Tout y est détaché, fragmenté, comme dans de nombreux essais modernes. Il y a toutefois des lignes de force, des idées fixes qui reviennent continuellement ponctuer le propos à un point tel qu’il y a effet de ressassement. De ressentiment aussi. Plutôt qu’Appartenances, le livre parle plutôt de nonappartenances, de distance, de refus d’appartenir à quoi que ce soit. Major ne parle d’ailleurs à peu près pas de sa propre appartenance franco-ontarienne, si ce n’est que de manière anecdotique, ne commentant au beau milieu du livre, et sur deux petites pages, que deux livres franco-ontariens, « [d]eux recueils de poèmes. L’un qui s’intitule Mine de rien, dont j’ai oublié le nom de l’auteure [ … ] L’autre, celui qui fait sérieux, mais dont j’ai oublié le titre, est un sommet de la littératre franco-ontarienne du moment. Absence de composition, de vision, de rythme, de perception. Phrases de bois, banalités laborieuses [ … ] cela ressortit tout au plus du [End Page 794] cahier d’apprentissage ». L’ensemble est sur ce ton. Cela est tout à fait étonnant de la part d’un universitaire.

Les six parties sont précédées d’un « Avant-propos » où Major souligne que ces « textes de situation [ … ] amorcent ou prolongent [ … ] une réflexion à propos de pratiques de l’écriture », et que « [c]ette trajectoire, lente torsion sur soi [ … ] nes’accomplit pourtant, au fil des ans, qu’au prix d’hésitations, d’erreurs et d’errements ». On lui sait gré de cet aveu liminaire. Dans « Excursion, il rappelle ses origines franco-ontariennes, lui qui né à Cornwall a été lauréat du Concours de français et a fait carrière àl’Université d’Ottawa. Le texte qui suit, « L’Idée de littérature » prend la forme d’une critique presque autobiographique de sa perception de l’évolution de cette idée et de la critique québécoise dans les années 1960–1980. Il trace ainsi le parcours de tout étudiant et professeur à l’époque du structuralisne. D’entrée, il pose à nouveau la question que posait Guy Laflèche dans Livres et auteurs québécois 1976 : « Peut-il exister une critique québécoise? » De circonvulutions en circonvolutions, on comprend qu’il en a contre un certain « discours du narcissisme sociopolitique — comme chez ces critiques qui n’auscultent la littérature québécoise que pour y déceler des facteurs ou des preuves de québécité ». Il termine sur des propos révélateurs quant à son rapport au réel : « la littérature ne peut s’accomplir que sur fond de refus — c’est son fond même, qui est aussi sa forme essentielle—, refus de la “réalité”, refus des discours, refus du collectif ». Voilà qui peut paraître assez réducteur. Nous sommes à des lieues de Refus global (1948) de Borduas. Dans « Thésée à Saint-Tite », Major offre un fourre-tout, fait bizarrement du coq-à-l’âne, tient des propos tantôt juste, tantôt douteux : « Maria Chapdelaine et Trente arpents sont exotiques »; « La littérature québécoise est réfractaire au mythe ». Dans « Contes d’ici ou d’ailleurs? », il revient sur ses propres œuvres de fiction, lui qui après sa carrière de chercheur universitaire est devenu « conteur ». Il s’interroge de manière fort libre sur le genre qu’il a choisi, soit le conte (alors qu’en fait, la plupart de ses « contes » parus en recueils chez Fides, Contes par-ci par là, Mailles à l’envers, sont des nouvelles). Il se demande « pourquoi ces contes? », « réponse [qu’il] se garde[ … ] bien de [ … ] formuler [car] en littérature [ … ] le but n’est pas tant d’arriver que de cheminer [et que pour cela] on voudra donc...

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