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  • De quoi le Québec a-t-il besoin? Fragments d’un dialogue essentiel ed. by Jean Barbe, Marie-France Bazzo and Vincent Marissal
  • Guillaume Durou (bio)
De quoi le Québec a-t-il besoin? Fragments d’un dialogue essentiel. Entretiens s. la dir. de Jean Barbe, Marie-France Bazzo et Vincent Marissal , Montréal, Leméac, 2011, 179 p.

Le Québec d’aujourd’hui serait à la croisée des chemins et peinerait à choisir son avenir. C’est l’impression générale que livre ce petit recueil [End Page 774] d’entretiens publié en 2011, un an avant la longue crise étudiante québécoise du printemps 2012. Ce projet désirait répondre au sentiment d’urgence que l’on pouvait lire dans les différents journaux et entendre sur les différents plateaux de télévision. L’idée proposée par Jean Barbe, journaliste et écrivain, Marie-France Bazzo, journaliste et animatrice de Bazzo.tv et Vincent Marissal, chroniqueur à La Presse, était de réunir des « fragments » de réflexion de manière à faire avancer le débat social, parvenu à un point neutre selon les auteurs.

Toutefois, on peut se poser la simple question suivante, car elle est légitime : qu’est-ce qui justifie ce sentiment d’urgence ? Rien n’est clairement expliqué à ce sujet dans les deux préfaces, sinon une intuition, plus forte que la certitude, à savoir que le Québec serait dans l’impasse. Corruption, effondrement d’infrastructures, débats sclérosés, analphabétisme, pauvreté, intolérance, etc. Les mots ne manquent pas pour exprimer les opinions des intervenants, il faut le dire, presque tous pessimistes.

Ce recueil d’entrevues que Jean Barbe a souhaité conserver dans leur formulation orale au risque de trahir les propos, est issu d’une sélection « sans parti pris idéologique ». Bien que les auteurs ne cachent pas que cette idée d’une publication ait évolué sur le plateau de Bazzo.tv, on y retrouve à peu près les mêmes personnalités qui toutes ont fait un passage à l’émission, voire plusieurs. Humoristes, politiciens, artistes, universitaires furent donc invités à répondre à six questions.

L’ouvrage est constitué d’aphorismes qui se veulent des réponses à quelques questions aussi générales qu’obsédantes. Allant du propos le plus laconique à l’argumentaire articulé, ce recueil d’essais tente de dessiner une mosaïque de réflexions aussi variées que possible, tel un échantillon statistique, afin de dévoiler les exigences et les préoccupations générales des Québécois. Là-dessus, on ne peut pas dire qu’ils ont fait mouche. Malgré la redondance et le ronronnement des réflexions, on ne donne ici la parole qu’à ceux qui l’ont déjà, notamment à la télévision et dans les journaux. Qu’en est-il des étudiants, des retraités, des sans-grades, des habitants de l’extérieur de Montréal ? On ne peut qu’y reconnaître une certaine partialité publique.

Les chapitres du recueil correspondent donc aux six questions posées : « De quoi le Québec a-t-il besoin? », « De quoi faut-il se débarrasser pour aller de l’avant? », « Quand, comment, pourquoi le Québec s’est-il immobilisé? », « Quelle force nous faut-il mettre de l’avant? », « Y a-t-il des signes avant-coureurs de changements? », « Comment voyez-vous l’avenir du Québec? » Enfin, ce petit livre se termine sur une postface de Marie-France Bazzo et de courtes biographies des intervenants.

Quel est le problème du Québec alors ? La corruption certes, mais la « corruption des idées » selon le dramaturge René Daniel Dubois, c’est-à-dire le nivellement du discours. Modifier le message sur l’immigration en même temps que celui sur le Canada, affirme l’écrivain Dany Laferrière. [End Page 775] Pour le politicologue Christian Dufour, le Québec doit se débarrasser de cet « atavisme de conquis », abondant dans le sens de Camil Bouchard, qui souhaite voir au Québec de nouveau des acteurs du développement. Si le sociologue Guy Rocher vit encore aux heures de...

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