In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’Acadie des origines : mythes et figurations d’un parcours littéraire et historique ed. by James de Finney, Hélène Destrempes and Jean Morency
  • David Bélanger (bio)
L’Acadie des origines : mythes et figurations d’ un parcours littéraire et historique, s. la dir. de James de Finney, Hélène Destrempes et Jean Morency [End Page 799] , Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2011, 170 p.

Le dessein de l’ouvrage L’Acadie des origines : mythes et figurations d’un parcours historique semble moins de brosser un portrait rigide et homogène de cette Acadie de naguère que d’exposer les représentations multiples de l’origine, présentes chez plusieurs auteurs. Désirant « répertorier et [a]nalyser ces diverses manifestations à la lumière de l’étude des représentations collectives », les responsables de l’édition offrent un ensemble qui apparaît un peu hétéroclite : géographie, linguistique, littérature et histoire se partagent ces pages. En ce sens, l’introduction tente d’ordonner, non sans mal, la suite des textes. Une division peu rigide s’ensuit, dont on ne tient pas compte durant la lecture.

Le collectif s’ouvre sur l’évolution de la toponymie acadienne de 1524 à 1769. L’article de Samuel Arsenault, expose, cartes à l’appui, les métamorphoses du territoire acadien. Si le panorama demeure linéaire et explicatif, la conclusion de l’article réussit à circonscrire une problématique : « Cette imprécision des limites demeure encore une question dans l’Acadie d’aujourd’hui, qui demeure un territoire aux limites multiples. Mais peut-être s’agit-il d’un territoire sans limite où l’Acadie est tout simplement un toponyme sans territoire. »

L’article de James de Finney et Tania Duclos, celui d’Hélène Destrempes et celui de Pierre M. Gérin s’attachent à analyser des représentations discursives de l’Acadie chez plusieurs auteurs et penseurs. Chez De Finney et Duclos, on étudie le discours sur l’origine acadienne de quelques européens. Cet article s’appuie sur un postulat intéressant : il existerait une rhétorique pour traiter des origines, et celle-ci se nourrirait d’une véritable « poétique » aux accents édéniques. Ils montrent que Marc Lescarbot comme Nicolas Denys établissent l’origine de l’Acadie à partir d’une conception providentielle, biblique ou mythique. Après 1755, cependant, l’argumentaire évolue : Guillaume-Thomas Raynal, armé d’un discours rousseauiste, rapproche l’Acadie des origines d’un « état de nature », et celle d’après la déportation serait usée par les guerres de civilisation et devenue inhospitalière. L’analyse montre que ces discours « ont fourni tout au long de l’histoire des composantes essentielles de l’imaginaire social et du récit national des Acadiens ». La proposition d’Hélène Destrempes s’inscrit dans cette continuité : elle analyse à la fois les écrits des siècles suivants et la représentation discursive de Moncton dans les essais d’auteurs québécois que sont Arthur Buies, Henri-Raymond Casgrain, Narcisse-Henri-Édouard Faucher de Saint-Maurice et d’un guide du journal Le Devoir. Le constat premier de Destrempes est qu’on évite généralement de parler de Moncton. Parfois tournés vers le passé, mais aspirant à une modernité, les essayistes exposeraient, dans leur vision de l’Acadie, cette contradiction essentielle : comment devenir moderne et [End Page 800] américain sans perdre le passé? Dans son analyse de la figure de Subercase, Pierre M. Gérin adopte la même méthode que les deux textes précédents. Prenant le parti d’analyser des discours – de François-Xavier Garneau à Rameau de Saint-Père–, sur la figure de Subercase, dernier gouverneur de Port-Royal, Gérin montre comment naît un tel héros virgilien, placé très tôt au cœur du mythe de l’Acadie. Ces trois articles forment le nœud véritable de l’ouvrage.

Les articles de Caroline-Isabelle Caron et d’Annette Boudreau abordent quant à eux des questions sociales. S’intéressant à la filiation généalogique de la famille Forest chez les non-acadiens, Caron...

pdf

Share