In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Dictionnaire des écrits de l’Ontario français 1613–1993
  • Robert Yergeau (bio)
Dictionnaire des écrits de l’Ontario français 1613–1993, s. la dir. de Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2010, XXXIV -1097 p.

On croyait le projet renvoyé aux calendes grecques. Or, coup de tonnerre dans le ciel franco-ontarien : a paru, à l’automne 2010, le Dictionnaire des écrits de l’Ontario français 1613–1993 (DÉOF). Si le terminus a quo correspond à un voyage de Champlain en territoire ontarien, il semble bien que seule la « date du début de la phase rédactionnelle du dictionnaire » justifie le terminus ad quem, ce qui ne cesse d’étonner. L’« Introduction » [End Page 454] des codirecteurs, Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette, permet de mesurer les multiples embûches (bibliographiques, documentaires, financières) qu’ils ont réussi vaille que vaille à surmonter. Le DÉOF enrichit, ne seraitce que par sa seule existence, la culture franco-ontarienne. Nommons avec déférence les artisans de cette entreprise titanesque : le tout premier à lancer l’idée en 1982 (Fernand Dorais) ; l’équipe initiale (Benoît Cazabon, Gaétan Gervais, André Girouard, Yves Lefier et Robert Toupin de l’Université Laurentienne, ainsi que René Champagne et Jean-Pierre Pichette de l’Université de Sudbury), à laquelle s’est joint René Dionne de l’Université d’Ottawa en 1987. Le chemin fut si long que cinq d’entre eux (Dionne, Dorais, Girouard, Lefier et Toupin) sont décédés en cours de route, ainsi que plusieurs rédacteurs de notices (Robert Dickson, Gilles Dorion, Pierre Fortier, John Hare, Conrad Laforte, le père Germain Lemieux, Françoise et Yvan Lepage, Yvan Morais et Évelyne Voldeng). [Note de l’éditeur : même l’auteur de ces lignes est décédé peu de temps après la remise de ce compte rendu.]

« Prise de conscience et mémoire de son cheminement historique, cet ouvrage de référence a été conçu, non pas comme un point d’arrivée, mais plutôt comme un outil pour encourager de nouvelles recherches sur les réalités de l’Ontario français. De l à découlent ses plus grands mérites comme ses plus grands défauts.» À quels défauts si grands pensaient Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette ? Ont-ils usé du chleuasme à seule fin rhétorique ? Ou s’agit-il d’une réelle autocritique ? Car comment ne pas leur donner raison ?

Comme l’annonce le titre, le DÉOF ne s’est pas limité aux seules œuvres littéraires, ayant voulu « embrasser tout le corpus intellectuel des sciences humaines ». Or, l’équipe du DÉOF a exagérément élargi, sinon dénaturé le sens même de corpus intellectuel et le champ des sciences humaines. Il répertorie notamment des dizaines et des dizaines d’albums souvenirs et de brochures paroissiales. En outre, il recense des «écrits » comme D’une farce à l’autre. Les 350 blagues les plus drôles de l’heure ! d’Alice Michaud-Latrémouille ou Faites votre vin vous-même de Bernard Assiniwi. Pire, l’on consacre une notice de 32 lignes à Dieu est un homme parce qu’il est bon et fort ! La révolte d’un homme contre le féminisme de Reggie Chartrand (en guise de comparaison, la recension du Dictionnaire de moi-même de Jean Éthier-Blais, ouvrage important d’un auteur franco-ontarien majeur compte 19 lignes). Les pires clichés sexistes y sont présentés de la manière la plus neutre qui soit, conférant une respectabilité grotesque à ce torche-cul. Certes, me rétorquerait-on, il sied à un dictionnaire de présenter des notices de type descriptif. Cette contrainte générique n’a pas empêché René Dionne de dénoncer Le dernier des Franco-Ontariens de Pierre Albert.

Le DÉOF réunit 2 537 «écrits de langue française dont l’auteur est né en Ontario, ou y a vécu et publié, ou qui ont l’Ontario comme sujet » [End Page 455] (« Avant-propos »). Ce dernier...

pdf

Share