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  • Théâtre 2010
  • Mariel O’Neill-Karch (bio)

Les pièces publiées en 2010 peuvent se regrouper sous trois axes. Il y a d’abord celles de Lomer Gouin et Stéphane Brulotte qui s’inscrivent dans la continuité des formes canoniques et parfois de leur éclatement. Ensuite, les pièces de Serge Boucher, Nathalie Boisvert, Évelyne de la Chenelière et Daniel Brière qui continuent l’exploration de thèmes liés à l’individu et à la famille de plus en plus disloquée. Enfin, les pièces de Claude Guilmain et Michel Ouellette s’apparentent au courant post-moderne et celle de Patrick Leroux, au postdramatique. Dans presque tous les cas, il est possible d’en visionner des extraits sur You Tube. [End Page 360]

Éditions du Blé

Nous connaissons le groupe rock québé Les cow-boys fringants dont une des chansons, « Attache ta tuque », montre que l’Ouest canadien est loin de leurs préoccupations. C’est plutôt un authentique stetson que coiffent les personnages albertains de Cow-boy poétré de Ken Brown. Danny Blanchette, dont la famille habite un ranch depuis 1889, est fiancé à Chantal, une belle et appétissante concurrente dans des courses en baril. Luke, un jeune Québécois de dix-neuf ans, vient s’inscrire pour le bull riding, sport qu’il n’a jamais pratiqué. Chose étonnante, il réussit à tenir et le cou et le coup, ce qui provoque la jalousie de Blanchette qui sent que la belle Chantal pourrait lui échapper. Quelque temps plus tard, Luke Martin est devenu Luke Kane, public oblige, et Blanchette s’est transformé en Whitey McLeod pour les besoins de la cause. Mais rien ne va, car le mariage n’a pas apporté à Chantal ce qu’elle désirait : « Nom de Dieu, Blanchette. Autrefois, t’étais l’fun. . . parfois. Depuis qu’on est mariés, t’es devenu tellement plate ! » Ça ne peut pas durer longtemps comme ça. Pourtant, avec Luke dans une succession de chambres de motel, ça tourne mal aussi : « Y faut s’faire punir. Y faut s’punir l’un pis l’autre. » La punition aurait pu revêtir la peau d’un taureau, mais c’est un sérieux accident de route qui met fin à la carrière et à l’adultère de Luke qui doit, pour survivre, se transformer en clown de rodéo. Quant à Blanchette, il conclut que « si t’es un gars qui ne peut aimer qu’une seule femme, bien être trahi de même ça détruit l’âme ». Son suicide clôt le premier acte. Le deuxième acte, avec sa scène de reconnaissance, rappelle les vaudevilles du XIXe siècle comme, d’ailleurs, les chansons de Chantal qui ponctuent le rythme et commentent l’action. Cette pièce nous fait entrer dans un monde où les hommes « sont forts, pis têtus. Y doivent savoir comment dompter un cheval, pis comment respecter une femme ». C’est la loi des sociétés machos, comme les fait vivre avec brio Jean-Marc Dalpé. Ken Brown a aussi réussi son pari.

Dramaturges Éditeurs

Les personnages de Simon Boudreault s’imposent avec force dans Sauce brune. Il s’agit de quatre femmes, Armande, Sarah, Martine et Cindy, qui travaillent dans la cafétéria d’un établissement scolaire à servir non seulement des sauces éponymes, mais aussi et même surtout des mots très salés dont elles assaisonnent leurs propos. Il s’agit, de fait, d’une sorte d’hommage aux Belles-sœurs : personnages féminins, cuisine, vulgarité, frustration, impuissance. . . Même la forme rappelle celle de Tremblay, puisque les puissants dialogues sont interrompus par des monologues déchirants. Boudreault se fait aussi remarquer grâce à la langue de ses [End Page 361] personnages qui utilisent une étonnante variété de sacres qui remplacent presque tous les mots et qui donnent un rythme endiablé à la pièce. Il s’agit d’une exploration viscérale des limites de la langue qui, on s’en rend compte vers la fin, recèle aussi des éléments poétiques.

Comme Michel Tremblay à qui il a voulu rendre hommage, Serge...

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