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  • Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion 1657–2007
  • Marie-Aimée Cliche (bio)
Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion. 1657–2007, s.la dir. de Dominique Deslandres, John A. Dickinson et Ollivier Hubert, Montréal, Fides, 2007, 670 p., 45,95$

Quel beau livre ! 670 pages. Richement illustré. Doté d’une couverture attrayante et d’une reliure qui défie le temps. Mieux encore : une qualité scientifique attestée par la liste des archives consultées et par le nom des directeurs, tous trois historiens déjà réputés. Les circonstances de publication de l’ouvrage se laissent deviner par le sous-titre : 1657–2007. C’est le trois cent cinquantième anniversaire de l’arrivée de leur compagnie au Canada qui a incité les Sulpiciens à passer la commande de faireécrire leur histoire.

La réalisation de ce projet aurait pu prendre la forme d’un récit chronologique visant à l’exhaustivité. Les responsables ont opté plutôt « pour des enquêtes approfondies sur des sujets encore mal connus, sans pour autant négliger une vision synthétique des travaux existants ». Il en résulte un livre en 21 chapitres où on peut distinguer trois grandes parties.

D’abord, deux chapitres nettement chronologiques relatant la fondation des Sulpiciens en France et l’ensemble de leurs activités au Canada, et trois autres à caractère historiographique. Le reste du livre suit un ordre thématique, les auteurs traitant les aspects suivants de l’œuvre des Sulpiciens : occupation de l’espace montréalais, gestion économique, pastorale et prédication, œuvres caritatives, confréries, relations avec les paroissiens irlandais, liens avec les autres communautés religieuses, missions, écoles et collèges, grand séminaire et lieux de villégiature. La troisième partie expose les « stratégies culturelles sulpiciennes » dans les domaines du livre, de la musique, du chant, des beaux-arts et de [End Page 406] l’architecture. En guise de conclusion, les auteurs proposent des sujets de recherche à explorer grâce aux archives de cette institution.

Les directeurs du projet ont rédigé à eux trois plus de la moitié du volume. Pour les sujets qui sortent de leur spécialité, ils ont fait appel à une brochette d’historiens qui ont mis à profit leurs travaux antérieurs, notamment Jean-Claude Robert pour la géographie, Louis Rousseau pour la prédication, Brigitte Caulier pour les confréries, Élisabeth Gallat-Morin pour la musique, Jacques Des Rochers pour les beaux-arts, etc. Dans une œuvre de cette envergure, chaque lecteur trouvera ce qui correspond à ses propres intérêts. Les chapitres 2 et 13 aident à comprendre les sources des revendications des Iroquois concernant le territoire d’Oka. Les adeptes d’histoire économique se passionneront pour le récit des déboires financiers des Sulpiciens de 1920 à 1937 (chapitre 7). Cette section, un peu longue à notre goût, est agrémentée par une pointe d’humour. Le plan de redressement adopté en 1925 comprend quatre volets : prier, s’imposer une économie sévère, augmenter les revenus et vendre des immeubles. Les spécialistes en histoire de l’éducation s’attarderont au substantiel chapitre par Ollivier Hubert sur les établissements créés ou du moins financés par les Sulpiciens. Le livre atteint également son objectif de faire connaître des activités moins connues de la compagnie, comme les séminaires en Amérique du Sud et au Japon, où a œuvré Paul-Émile Léger avant de devenir cardinal.

Le fil continu de ce livre consiste à montrer que l’histoire des Sulpiciens de Montréal est une histoire de pouvoir et de discrétion. Ce pouvoir repose sur leur statut de seigneurs de Montréal de 1663 à 1840,de curés en titre à partir de 1678, sur la fonction de vicaire général dévolue à leur supérieur jusqu’en 1836, sans oublier la fortune personnelle de certains d’entre eux. Les revenus de ces différentes sources servent d’abord à leurs œuvres principales : évangélisation des Indiens, service paroissial, éducation. Les Sulpiciens contribuent aussi au financement d’œuvres charitables, de...

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