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Reviewed by:
  • Les Réformistes. Une génération canadienne-française au milieu du XIXe siècle
  • Marilyn Randall (bio)
Éric Bédard , Les Réformistes. Une génération canadienne-française au milieu du XIXe siècleMontréal, Boréal, 2009, 410 p., 27,95$

«Nous sommes desRéformistes, nous cessons d'être des Révolutionnaires ». Ces mots d'Étienne Parent, lancés à la veille des Rébellions de 1837-1838 et mis en exergue au premier chapitre des Réformistes par Éric Bédard, sonnent comme une prise de position personnelle de l'auteur. Les Réformistes scrute à la loupe les discours de ces hommes influents pendant les années de transition entre l'Acte de l'Union en 1840 et la Confédération en 1867 au Québec. Longtemps mis sur un piédestal par l'historiographie traditionnelle, ils sont tombés en discrédit après la Révolution tranquille et relégués au statut de traîtres par les historiens « révisionnistes » qui ont installé à leur place les Patriotes, dorénavant « associés au progrès, à la modernité ». Sans explicitement chercher à réhabiliter les réformistes, Bédard entreprend une lecture détaillée de leurs discours afin de démontrer leurs positions parfois vacillantes, voire contradictoires, mais fondamentalement réalistes sur un ensemble de questions socio-politiques de l'époque. Comme le dira l'auteur au sujet du personnage éclairé qu'est Jean Guilbault dans Charles Guérin, « ce réalisme n'est cependant pas synonyme de trahison ».

L'ouvrage de Bédard, originellement une thèse de doctorat en histoire (McGill, 2005), a mérité le premier prix de l'Assemblée nationale du Québec et le Prix Clio de la Société historique du Canada (2010). Actuellement professeur en sciences humaines, lettres et communication à la Télé-Université -UQAM, l'auteur avait déjà fait paraître Parole d'historiens. Anthologie des réflexions sur l'histoire du Québec (avec Julien Goyette, PUM, 2006) et Chronique d'une insurrection appréhendée: la crise d'Octobre et le milieu universitaire (Septentrion, 1998).Étant de la génération « postRévolution-tranquille », Bédard s'est inspiré des similitudes qu'il a constatées entre l'époque postréférendaire (1995) au Québec et celle des années postrébellions au XIXe siècle. Son ambition n'est pas de faire un [End Page 531] bilan des faits politiques, mais plutôt d'éclairer « un moment de pensée » qui permettrait de situer « nos inquiétudes actuelles dans une longue filiation d'interrogations sur notre avenir ». Pour ce faire, il faudrait se départir des catégories idéologiques qui seraient plutôt la vocation des idéologues et des sociologues et théoriciens de la science politique. Revendiquant un parti pris empiriste et humaniste, Bédard préfère retourner sur les discours de l'époque, replacés dans les contextes qui les ont vu naître, afin d'en dégager non pas une idéologie unifiée, mais plutôt une série de positions prises sur le champ afin de préserver la nationalité canadienne-française par l'entremise de la cohésion interne.

Les réformistes sont « une nébuleuse » de personnages qui ont affiché des positions politiques diverses lors des années précédant les Rébellions, mais qui en sont sortis réunis autour d'une seule : le maintien de la nation. Entre Étienne Parent, qui n'avait jamais partagé la position patriote, et, à l'autre extrémité, Wolfred Nelson, le « loup rouge » de la victoire patriote de Saint-Denis, le groupe inclut notamment Louis-Hippolyte LaFontaine, premier ministre dans le gouvernement uni LaFontaine-Baldwin (1842-1843; 1848-1851), P. J. O. Chauveau, premier premier ministre du Québec (1867) et George-Étienne Cartier, premier ministre avec sir John A. MacDonald (1857). D'autres personnages sont associés au « noyau dur » réformiste tels Augustin-Norbert Morin (1803-1865), Joseph-Édouard Cauchon (1816-1885), Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) et Hector Langevin (1826-1906).

Sans que jamais le mot soit énoncé par...

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